Unes
Fonds : Jean-Pierre Sintive.
20 avril 2022
Le langage et le puits
Hai Zi
Traduction du mandarin par Yujia Yang
relue et corrigée par Pierre Vinclair
1er janvier 2022
Mihubi
la nuit pleine
la chambre
le hangar
la route
le verger
le mur
Nous traversons ici deux paysages, un bord de mer, ses vagues, sa plage, ses nuits, et Mihubi, une montagne où s’accrochent quelques maisons, des sentiers et des torrents, des murs effondrés, des moutons. Le monde semble cerné de brumes, d’obscurité, et une voix nous parle à travers l’épaisseur d’un rêve. Rêve murmuré par une langue souple, qui passe entre les vagues, les buissons, les racines, les bêtes.
Une langue qui tisse ses (…)
8 octobre 2021
Opium à bord
Avant l’opium mon âme était déjà malade. Ressentir la vie, c’est convalescence et anémie Et je vais chercher dans l’opium qui console Un Orient à l’orient de l’Orient.
La vie à bord va finir par me tuer. Journées de fièvre dans ma tête Et, même si je cherche à m’en rendre malade, Je ne trouve plus de ressort pour m’adapter.
Incompétent astral et en plein paradoxe Je vis ma vie par plis mordorés, Onde où le point d’honneur est au creux Et les plaisirs mêmes sont ganglions de mon mal.
Alvaro de Campos est (…)
10 septembre 2021
Écrits de la bête noire
Édition de Billy Dranty.
Ces trois textes inédits de René Daumal ont paru respectivement dans les troisième, quatrième, puis huitième (et ultime) livraisons d’un éphémère mensuel de 8 pages nommé La Bête noire (1935-1936), imaginé par Marcel Moré, Roger Vitrac, Michel Leiris, Raymond Queneau et Jacques Baron, et qui a compté Antonin Artaud ou encore Le Corbusier parmi ses contributeurs. La revue, à peine née, est l’objet de vives tensions entre plusieurs grandes figures du milieu littéraire, et cristallise (…)
1er septembre 2021
L’Absent
Ce livre est le récit d’une d’une disparition. Celle d’Ali Boulfra en 1958, et la quête plus d’un demi-siècle plus tard de sa fille, née cette même année. C’est cette absence que creuse Erwann Rougé, à travers les époques et les territoires : de la Kabylie à Rennes. Quête de fragments d’une existence, à travers des gestes simples, des paysages nets et durs, des souvenirs de guerre, pour tenter de percer l’énigme d’une vie inconnue.
Il y a une rétractation de la lumière, de la terre et du silence qui passe (…)
20 août 2021
Essart
Traduit de l’espagnol (Chili) et préfacé par Irène Gayraud
Quelle est cette terre que Gabriela Mistral cherche à essarter, à défricher ? Celle de son Chili natal, de la Cordillère des Andes, des légendes Mayas ? Ou la terre des exils et des ombres ? Essart est un livre mystérieux ; on lit ces poèmes comme on marche sur une terre ouverte, dont on embrasse les sommets du regard, cheminant au plus près d’une parole dense et profonde, rustique et mystique. Gabriela Mistral hisse ses poèmes vers la fable, (…)
10 juin 2021
Le Printemps et le reste
Traduction nouvelle, préface et notes de Valérie Rouzeau
Au début des années 1920, le monde se remet d’une guerre mondiale sanglante et d’une pandémie grippale encore plus meurtrière. Les milieux artistiques d’Europe et d’Amérique bouillonnent de créativité, explorent de nouvelles voies, discutent, échangent : les idées et les formes traversent régulièrement l’Atlantique. En 1922, Yeats obtient le Prix Nobel et Rilke publie les Élegies de Duino : la poésie d’avant-guerre se porte bien. Mais c’est aussi (…)
19 mars 2021
À la source du vivre et du voir
Plus qu’une autobiographie, ce livre central dans l’œuvre de Charles Reznikoff est un art poétique. Il y a là une forme de résurgence, ou de permanence de la vie naturelle, une capacité d’émerveillement intacte quoique jamais naïve, presque une innocence dans le regard posé sur la ville. Reznikoff arpente les rues de New York avec le passé en écho, en observateur de cette civilisation nouvelle, effervescente, bâtie sur le souvenir ou le mythe lointain des légendes disparues : aussi bien grecques (…)
19 janvier 2021
Ancienne éternité & autres textes
Cette édition rassemble sept ensembles de poèmes de Christian Dotremont, d’Ancienne éternité, texte éblouissant écrit en 1940 à seulement 17 ans et qui le fera intégrer immédiatement les groupes surréalistes belges puis français, jusqu’à Les trois forêts, écrit au sanatorium d’Eupen en 1953 où il soignait sa tuberculose. Ces poèmes, la plupart écrit sous la forme « dialogique » si particulière à Dotremont, dans laquelle questions et réponses se confondent, filent dans une oralité joyeuse, où l’évocation féminine (…)
20 novembre 2020
Antidictionnaire des couleurs
La poésie tout autant que la peinture est pour Pierre Mabille une théorie des couleurs. Mais une théorie foisonnante, mouvante, pleine de bleus. On avance dans ce livre entre images et mots – mais les uns sont les autres et vice versa – avec « la lenteur vivante de ces glissements » colorés, avec un art du décalage, de la variation, comme une douleur qui se déplace. Mabille traverse les petits tableaux du quotidien, fait miroiter les détails, les reflets, les objets communs. Autant de poèmes (…)
Poème
de l’instant
La nuit n’éteint jamais nos songes
Quand je pars en voyage, je confie au tilleul les clefs de ma maison. Celle-ci est sous bonne garde. Veillée par les vents, la lumière, les oiseaux. Le souvenir de mon père flottant dans les nuages.