Une tristesse bleue et grise

Évidemment l’orgueil et la trouble passion
Les papiers arrachés, bien sûr, les volets clos
Les livres sans mémoire et presque à l’abandon
L’étui de ton violon fermé comme un sanglot
Mais penser à tes gestes carrés vers les miens
La presque cruauté, la langueur infinie
Le rire en plein désir et les larmes à la fin
M’ont fait aimer la mort et préférer la vie

Sarclo, Une tristesse bleue et grise, « Éloge d’une tristesse », Côtes du Rhône Productions, 1992.

Poème
de l’instant

Un bruit de bleu

On pourrait
Avant de partir
Écouter une dernière fois
Le vent dans le feuillage
On pourrait
Laisser là
Nos os
Pour voyager plus léger
Et l’on attendrait
L’une de ces nuits
Où la lune
Ouvre un chemin sur la mer.

Louis Raoul, Un bruit de bleu, L’Ail des ours, 2021.