Treizième poésie verticale
Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.
Roberto Juarroz, Treizième poésie verticale, traduit de l’argentin par Roger Munier, Librairie José Corti, 1993.
Poème
de l’instant
La colline que nous gravissons
Mais soudain, l’aube nous appartient.
Sans savoir à quoi cela tient, nous agissons.
Sans savoir à quoi cela tient, nous avons
tenu bon,
Témoins d’une nation non pas brisée,
mais simplement inachevée.
Amanda Gorman, La colline que nous gravissons , Traduit de l’anglais (États-Unis) par Lous and the Yakuza, Éditions Fayard, 2021.