Stèles
La cime haute a défié ton poids. Même si tu ne peux l’atteindre, que le dépit ne t’émeuve : Ne l’as-tu point pesée de ton regard ?
La route souple s’étale sous ta marche. Même si tu n’en comptes point les pas, les ponts, les tours, les étapes, - tu la piétines de ton envie.
La fille pure attire ton amour. Même si tu ne l’as jamais vue nue, sans voix, sans défense, - contemple-la de ton désir .
*
Dresse donc ceci au Désir-Imaginant ; qui, malgré toutes, t’a livré la montagne, plus haut que toi, la route plus loin que toi,
Et couché, qu’elle veuille ou non la fille pure sous ta bouche.
Victor Segalen, Stèles, « Stèle au désir », 1912.
Poème
de l’instant
De la bête et de la nuit
Écoute le son devenir étreinte, devenir caresses
Et se glisser loin de ta peau
Seyhmus Dagtekin, De la bête et de la nuit, Le Castor Astral, 2021.