Sacrés
Auteur : Jean-Claude Touzeil

Un petit livre en huit poèmes et cinq dessins tiré à 50 exemplaires. Autant dire que la hâte est de rigueur. Les poèmes aussi. Huit arbres sur du papier. Un petit jardin qui ressemble bien à celui du poète. Ses amis de bois, de feuilles et de lumière ; de graines aussi. Chacun a sa vie, ses souvenirs, sa présence. On entre ainsi dans le mystère de l’arbre et dans celui de l’amitié. Le graphisme et les couleurs accompagnent le silence.
J’ai trois ginkgos dans mon jardin
Le premier quelle allure
se prend pour une éolienne
Le second rêve encore
de côte d’azur
Le dernier sort de l’imprimerie
l’encre est à peine sèche
Tous les trois se souviennent
du temps des dinosaures
et des nuages du Japon
Quand l’automne arrive
ils mettent leur robe de lune
et c’est plus fort qu’eux
ils prennent toute la lumière
Poème
de l’instant
Le Poids vivant de la parole
On peut écrire, et l’on écrit ;
On peut se taire, et l’on se tait.
Mais pour savoir que le silence
Est la grande et unique clef,
Il faut percer tous les symboles,
Dévorer les images,
Écouter pour ne pas entendre,
Subir jusqu’à la mort
Comme un écrasement
Le poids vivant de la parole.