Rembobinant l’extérieur
Auteur : Romain Fustier

Le texte avance ici par impression/surimpression, superposant des strates d’images-sensations. Il opère en même temps par fondus et par ellipses, intégrant la tension entre discontinuité du fragment et unité du tout poétique. C’est du poétique/prosaïque, des vers en prose ou de la prose scandée.
L’auteur joue de la tension entre intérieur et extérieur, entre intimité et extrémité. La description ne l’est jamais tout à fait, les paysages mentaux chassant en cours de route les images fixes qui se bousculent dans le rétroviseur. Le réel est moins réel qu’il n’y paraît, l’imaginaire moins imaginaire qu’il ne pourrait le laisser croire.
Poème
de l’instant
Une tristesse bleue et grise
Évidemment l’orgueil et la trouble passion
Les papiers arrachés, bien sûr, les volets clos
Les livres sans mémoire et presque à l’abandon
L’étui de ton violon fermé comme un sanglot
Mais penser à tes gestes carrés vers les miens
La presque cruauté, la langueur infinie
Le rire en plein désir et les larmes à la fin
M’ont fait aimer la mort et préférer la vie