Quarantaines de Jean-Michel Platier

Quarantaines de Jean-Michel Platier

Il y a dans Quarantaines un effet de style que les traductions différentes viennent souligner dans les sonorités si particulières à chacune d’entre elles. Faudrait-il cependant en rester là ? Le moins que l’on doive au poète, c’est de le lire avec conviction. Il y a des mots qui ont en eux la vraie vocation. Celle de déciller le langage, d’excaver nos propres mots pour mieux leur restituer vigueur et sens hors du commun.[…]
C’est qu’il y a dans cette succession de très courts poèmes, qui s’apparentent à la forme magistrale du haïku, une volonté affirmée, celle de dire le monde où l’on est, d’en disséquer vivement les inepties, les douleurs et les passions, comme un constat sec tel un coup de feu. Chaque petite pièce est un espace de réflexion en elle-même. Et s’il arrive qu’on désespère avec l’une, une autre vient qui nous réconcilie avec nous-mêmes. Lucidité et ironie marquent la poésie de Jean-Michel Platier. Lui, qui porte avec constance sa parole poétique, qui croit en ses écrits non pas en vue d’une notoriété de mauvais aloi mais parce qu’avec poésie, il persévère à être un homme, il médite sur le monde, s’en approche à nouveau après s’en être séparé dans la douleur des années qui passent trop vite jusqu’à lui redonner un regard bienveillant malgré l’inanité même qu’il met à vif dans ses mots. […]
Extrait de la préface de Francis Vladimir

Extraits :
Je crève
chaque jour
de ne pouvoir exister

Me muero
cada día
por no poder exitir

ich gehe zugrunde
täglich
weil Leben nicht möglich ist

Умираю
каждый день,
от невозможности существовать

Ibite the dust
each day
From being unable to exist

ogni giorno
crepo
per riuscire ad esistere

TRADUCTEURS : Espagnol : Francis Vladimir et Michel De Valverde, allemand : Bernard Poloni, russe : Yulia Polyakova et Daniel Mérino, anglais : Sarah Benson-Miquel et Chantal Sweeney, italien : Stefano Mangano.

Paru le 1er avril 2015

Éditeur : La Passe du Vent

Genre de la parution : Recueil

Poème
de l’instant

Coplas

La vérité vraiment vraie
jamais ne se cache en l’obscurité,
elle se cache en la pleine clarté.

José Bergamín, « Coplas », Traduction de L.-F. Delisse, Revue Caravanes 8, Éditions Phébus, 2003.