Quarantaine
Auteur : Elke de Rijcke

Quarantaine est un volume de poésie qui donne une perspective sur la quarantaine et se situe dans la prolongation de Västerås (Le Cormier, 2012). Or, alors que Västerås dressait le bilan des abîmes plats d’une désémancipation généralisée par le biais de Tarkovsky et de Reverdy, Quarantaine focalise sur l’amitié et l’amour. Le livre se tisse autour de deux chapitres, Du Pays Noyé de Saeftinghe (2005) et Tribunal Miniature. Épée (2004-2007). Du Pays Noyé de Saeftinghe suit les méandres d’une amitié artistique qui éclot lors d’un voyage à Saeftinghe, réserve naturelle saumâtre à la frontière de la Belgique et des Pays-Bas. Tribunal Miniature est le récit d’un amour impossible, où le dévouement et le sacrifice d’une femme sont impuissants face à l’avidité de son amant. Les deux textes sont avant tout des tentatives de prise de parole dans des états émotionnels puissants. La langue et les images sont informées par les spectacles de Romeo Castellucci, à qui le livre est dédié. La parole se veut performative, percutante et explicite, mais aussi sensorielle et sensuelle selon les enseignements de Marina Tsvétaïéva, Franz Kafka et Kees Ouwens. Tout comme Västerås, Quarantaine approfondit les possibilités du journal poétique. Il propose une recherche sur la forme, le ton et le contenu du récit poétique, et déplie la position biface du je, à la fois immergée et observatrice clinique des événements. Quarantaine clôture une suite de volumes poétiques (2005-2014) qui interrogent la question du désir.
Poème
de l’instant
L’Impossible
La poésie révèle un pouvoir de l’inconnu. Mais l’inconnu n’est qu’un vide insignifiant, s’il n’est pas l’objet d’un désir. La poésie est moyen terme, elle dérobe le connu dans l’inconnu : elle est l’inconnu paré des couleurs aveuglantes et de l’apparence d’un soleil.
Ébloui de mille figures où se composent l’ennui, l’impatience et l’amour. Maintenant mon désir n’a qu’un objet : l’au-delà de ces mille figures de la nuit.