Pierre Oster

Pierre Oster naît le 6 mars 1933 à Nogent-sur-Marne.

Après des études au collège Sainte-Croix de Neuilly, il entre au lycée Buffon puis au lycée Louis-le-Grand pour y suivre des études de Littérature. Il intègre par la suite l’Institut d’études politiques de Paris.

C’est en 1955, après avoir publié « Premier poème » au Mercure de France en 1954, grâce notamment à l’aide de Pierre-Jean Jouve, puis « Quatre Quatrains gnomiques » à La Nouvelle Revue française, par l’intermédiaire de Marcel Arland et Jean Paulhan, que Pierre Oster publie son premier recueil intitulé Le champ de mai. Ce dernier, paru aux Éditions Gallimard, dans la collection « Métamorphoses » alors dirigée par Jean Paulhan, reçoit le prix Félix-Fénelon.

En 1957 paraît son deuxième recueil Solitude de la lumière aux Éditions Gallimard pour lequel il obtient le prix Max-Jacob, l’année-même de sa mobilisation pour la guerre d’Algérie, qu’il fera pendant deux ans (1957-1959).

C’est en 1962 que Pierre Oster rencontre pour la première fois Saint-John Perse, par le truchement de Jean Paulhan. Trois années plus tard, il se verra confier, par Jean Paulhan, la tâche à la fois considérable et enthousiasmante de superviser l’édition du monumental volume d’hommages qui marquera la première ère du rapport éditorial et critique au poète : Honneur à Saint-John Perse. C’est peut-être à la faveur de cette affinité littéraire que son oeuvre a souvent été rapprochée de celle de Saint-John Perse, dans un courant parfois nommé « nouveau lyrisme ». Mais ce rapprochement, lié notamment à leur pratique personnelle du verset, que Pierre Oster adopte en partie à partir des années 1960 et de son recueil Un Nom toujours nouveau, ne doit pas occulter l’attention qu’il a également portée au travail matérialiste du texte, tel qu’a pu le concevoir Francis Ponge.

En 1978, Pierre Oster est nommé, sur les instances de Denis Roche, au comité de lecture des Éditions du Seuil. Il en fera partie jusqu’en 1995. Pendant toute sa vie, il aura collaboré avec les grands noms de l’édition française (Paulhan donc, mais aussi Marcel Arland, Deguy, Sollers…)

Pierre Oster se voit attribuer le Grand prix de la poésie de la Société des Gens de Lettres en 1992 pour l’ensemble de son œuvre, qui aura été marquée par la quête toujours renouvelée de la justesse, de l’exactitude même, qui constitue son exigence poétique primordiale : « Seul un langage exact peut nous donner la vérité », affirme-t-il dit dans ses Notes d’un poète.

En 2000 paraît Paysage du Tout en Poésie/Gallimard, avec une préface très élogieuse d’Henri Mitterand, qui voit s’esquisser, dans et par son oeuvre, « une renaissance humaniste du discours poétique ».

Pierre Oster meurt le 22 octobre 2020.

Extrait

(…)
Il est doux de déchiffrer, fable du sable et bruit du ressac,
Strophe où le coeur s’accorde à une scansion imperceptible,
Tel un recours… un secours, le secret de la sûre lenteur !
Le soleil… Il s’est revêtu de faux déguisements de l’écorce,
Le soleil contourne et dévaste, incendie un énorme récif.
On croirait d’une illumination des vergers, des nations de la houle,
Des quais, des bassins que j’ai dits… Des champs que la terre conçoit
Pour les voyageurs ! Le vent dans un fol équipage et d’âge en âge
Nous prépare à lui demander notre liberté ! A lui ravir
Aussi notre destin ! Les chemins que la mer borne et que la tempête blesse
N’affirment pas que nous ne mourrons pas. Comprennent-ils
Certaines plaintes… et les justifient-ils ? Soumettent-ils les âmes
A des nuances… qu’ils engendrent…à des grains de pollen
Engloutis par le flot des sillons ? S’assombrissent, s’effacent
De clairs refuges. Où Vénus s’est offerte, a souffert, les deux
Crépusculent triomphent. A midi je vois les maîtres fugitifs des métamorphoses.
Le ciel en changeant nous convient, nous accoutume au tableau
Des ténèbres du soir, les renforce et les fait pareilles
A une armée, à son aile marchante. Ah ! je les admire à travers
Les haies vives ! Une voile, un voile. Et le soleil perce,
Masque la masse des branches. Un autre tableau, ambigu,
Nous est parfois favorable. Et je quête ou découvre une étrange
Leçon. Leçon que le vent revendique, ultime et premier serment.
Je n’en réclame et le prononce à neuf ! Je m’avance à la rencontre
De l’éternel fil de la Vierge. Un fil nous rattache aux morts, nous touche le cou.
(…)

Un nom toujours nouveau, « Fragment »

Bibliographie

Ouvrages

  • Les morts, Éditions Belin, 2014.
  • Utinam varietur, Gourcuff Gradenigo, 2012.
  • Vignettes russes, avant-propos au volume d’Anna Akhmatova, L’églantier fleurit, et autres poèmes, Genève, La Dogana, 2010.
  • Pratique de l’éloge, Paris, Éditions Gallimard, 2009.
  • « Je la craignais », dans Un Bouquet pour Dominique Aury, Mazamet, Babel-Éditeur, 2007.
  • Paysage du Tout, Éditions Gallimard, collection Poésie/Gallimard, 2000
  • Alchimie de la lenteur, Babel éditeur, Mazamet, 1997.
  • Saint-John Perse, Alexis et Dortohée Leger, Babel éditeur, 1992.
  • Une machine à indiquer l’univers, entretiens, Éditions Obsidiane, 1992.
  • Requêtes, version nouvelle, suivie d’ Un art poétique, Éditions Le Temps qu’il fait, 1992.
  • L’ordre du mouvement, Babel éditeur, 1991.
  • Pratique de l’éloge, Éditions La Baconnière, 1977.
  • Les dieux, Éditions Gallimard, 1970.
  • La grande année, Éditions Gallimard, 1964.
  • Un nom toujours nouveau, Éditions Gallimard, 1960.
  • Solitude de la lumière, Éditions Gallimard, 1957.
  • Le champ de mai, Éditions Gallimard, 1955.

Revue

  • Dossier "Pierre Oster", dans la revue Nunc, Éditions de Corlevour, mai 2003.