Ouverture
Au bord d’une trappe
Toute seule
Se hissant
Par toutes les lignes de son corps pâle
La petite danseuse sort, couverte de craie
Avant,
L’ombre seule était son foyer
Un pied se risquait, tendu fort,
Une blancheur
Puis, revenu dans le noir, n’était plus vu
Avant, le passé était dans le passé
Elle étire un bras, l’autre, elle l’étire aussi
Et le premier encore
Elle s’est touché la nuque
Il y a une boucle dans un carré
Le magicien n’agira plus
Elle se hisse, elle a le temps,
D’abord son cou se présente
Devant son visage toutes les jambes qui passent
Sont les jambes des admirables danseuses
Qu’elle veut déjà devenir
Et traverser autant qu’elles l’obscurité qui est là
Si on les renversait, leurs pointes ne seraient plus
Qu’appels qui cherchent l’air mais comme elles sont debout
Un peu de lumière coule le long d’elles
Les pieds se tendent et les bras se balancent
Au moins deux directions, simple équilibre,
Et trois se déplacent en tournant, calmes
Chacune rose des vents, rayonnements
Mais un bruit tombe, se relève en robe immense d’autrefois
Dedans une forme de femme hurle sans attendre
Le cou raidi pour supporter sa chevelure tordue
Elle arrive vite, cuisses visibles et toutes froides, les plis de l’étoffe splendide ne sont plus qu’un tas qu’elle a rassemblé sur son ventre pour marcher plus vite, venir frapper en pleurant quelque chose
Bouche immobile, la petite danseuse
Gonfle ses poumons de musique intérieure
Et passe, intangible
Devant la chanteuse malheureuse
Repasse et continue
Hurlements, vieux rubans qu’on a lancés plus loin
Ses mains ne sont pas fatiguées
Elle les fait tourner devant son visage
Aucune trace, ni là ni plus bas
Ses coudes se plient et se déplient
Une boucle succède à une boucle
Chacune approuvée par le passage
Des beaux torses silencieux
Ils sont le clair-obscur labyrinthe
Fait de corps vivants il peut s’ouvrir
Le dernier livre des enfants, extrait (inédit).
Poème très librement inspiré du ballet Artifact de William Forsythe.
Poème
de l’instant
Chaleur
Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.