On ne sait pas que les mères meurent
Laurence Bouvet
Auteur : Laurence Bouvet

Ce récit est un récit de deuil. L’auteure voit sa mère en rêve ou peut-être l’imagine-t-elle en rêve. Chaque chapitre apparaît dans une douceur apaisante comme si le deuil et la douleur étaient ailleurs, enfouis dans le tréfonds d’un travail sur soi-même.
Aucune trace, aucun indice n’échappent à la narratrice. Elle constate : « Le rêve dévoile autant qu’il dissimule ». Le rêve de la mère est multiple et peu à peu le puzzle se construit et se déconstruit vers l’acceptation de la perte. L’écriture l’emporte sur l’absence, elle trace un chemin vers le souvenir. Laurence Bouvet respire les mots. Elle les connaît comme d’autres connaissent les fonds sous-marins ou le désert. De leur simplicité jaillit la profondeur, la magie opère et la lecture de ses rêves finit par capter quelque chose d’indéfinissable en nous, que l’on ne peut nommer, au-delà des mots et qui nous enseigne qu’« être vivant c’est être séparé ».
Texte de l’éditeur, parution 2018.
Poème
de l’instant
Stèles
La cime haute a défié ton poids. Même si tu ne peux l’atteindre, que le dépit ne t’émeuve : Ne l’as-tu point pesée de ton regard ?
La route souple s’étale sous ta marche. Même si tu n’en comptes point les pas, les ponts, les tours, les étapes, - tu la piétines de ton envie.
La fille pure attire ton amour. Même si tu ne l’as jamais vue nue, sans voix, sans défense, - contemple-la de ton désir .
*
Dresse donc ceci au Désir-Imaginant ; qui, malgré toutes, t’a livré la montagne, plus haut que toi, la route plus loin que toi,
Et couché, qu’elle veuille ou non la fille pure sous ta bouche.