Novalis

Novalis, de son vrai nom Friedrich von Hardenberg, naît le 2 mai 1772 dans le château d’Oberwiederstedt situé à Wiederstedt.
Friedrich est le cadet d’une grande famille de onze enfants. Ses parents, Auguste Bernhardine, Freifrau (« baronne ») von Hardenberg, née von Bölzign, et Heinrich Ulrich Erasmus, Freiherr von Hardenberg, l’élèvent selon les principes d’une éducation religieuse stricte, notamment en raison de leur proximité avec l’Église des Frères moraves (Herrnhuter) du comte Zinzendorf.
C’est au cours de son adolescence que Friedrich rédige ses premiers poèmes, de courts essais, des traductions d’auteurs classiques, des débuts de pièces de théâtre ainsi que plusieurs contes. Ces travaux constitueront plus tard les Jugendarbeiten, aujourd’hui rassemblés dans les Schriften. En 1790, après quelques années passées au Gymnasium d’Eisleben, Friedrich part étudier la philosophie à l’université d’Iéna où il suit les cours de Karl Leonhard Reinhold et se lie d’amitié avec Friedrich von Schiller, alors professeur d’histoire. Ensuite, il part étudier le droit à Leipzig. En 1792, il fait la rencontre de Friedrich Schlegel qui deviendra l’un de ses grands amis. Deux ans plus tard, après avoir également étudié les mathématiques et la physique, enseignées par le fondateur de l’école combinatoire allemande en mathématique Carl Hindenburg, il obtient l’équivalent de sa licence de droit.
En 1795, Friedrich rencontre, en compagnie de Friedrich Hölderlin, le philosophe Johann Gottlieb Fichte dont l’idéalisme sera une grande source d’inspiration. Il rédigera notamment de nombreuses études et critiques sur la première Doctrine de la Science (Wissenschaftslehre) qui seront plus tard rassemblées dans une œuvre intitulée Études fichtéennes.
En octobre 1794, il est envoyé par son père à Tennstedt afin d’apprendre l’aspect pratique de sa profession d’administrateur des salines dont la devise est bien : « Tout commencement est un acte libérateur. » Il y travaille alors comme actuaire, y reçoit son premier salaire et devient l’ami puis même le biographe de l’administrateur Coelestin Just.
C’est à cette période et à Grüningen que Friedrich fait la connaissance de Sophie von Kühn, alors âgée de 13 ans, dont il s’éprend éperdument. En 1797, deux ans seulement après leurs fiançailles, celle-ci meurt tragiquement de tuberculose. La tristesse qui le submerge alors l’amène à vivre une expérience à la fois mystique, philosophie et poétique qui sera à l’origine de l’un des plus grands textes lyriques du premier romantisme allemand, les Hymnes à la nuit.
Quelques mois après la mort de Sophie, il part étudier le calcul différentiel aux côtés du mathématicien français d’Aubuisson ainsi que la géologie et la minéralogie sous la direction d’Abraham Gottlob Werner qui deviendra l’un de ses « maîtres » majeurs. Sur ce thème, il écrira notamment le roman resté inachevé Les Disciples à Saïs qui, dans une complète fulgurance, se veut lier avec le plus de détails possible l’ensemble des matières.
En 1798, il se fiance avec Julie von Charpentier, la fille de l’un de ses professeurs de mathématiques et de physique à l’École des mines. C’est au cours de cette même année, lorsqu’il publie son premier texte intitulé Blütenstaub (Grains de pollen), qu’il choisit comme pseudonyme Novalis. Ce dernier lui vient du nom d’un domaine familial ancestral, de Novale, et désigne en latin la « terre en friche ».
Novalis souhaite à cette période réaliser une encyclopédie délibérément fragmentaire, où se théorisent et s’interpellent toutes les sciences et tous les arts. Il écrit alors multitudes de fragments, pour ce Brouillon général (Das Allgemeine Brouillon) d’une part, mais également pour maints recueils. À l’automne 1799, il lit ses Chants religieux (Geistliche Lieder) à Iéna, devant un cercle admiratif de jeunes poètes romantiques.
En 1800, après avoir été nommé Amtshauptmann (responsable local) des salines à Artern, il débute la rédaction de son infiniment poétique roman Heinrich von Ofterdingen dont les multiples portes d’entrée, le travail sur le style et l’écriture réflexive, en font l’un des premiers romans « modernes ».
De santé fragile depuis ses premières heures, Novalis meurt de phtisie le 25 mars 1801 à Weißenfels.
Bibliographie
- Ainsi parlait Novalis, dits et maximes de vie choisis, Traduction de l’allemand de Jean et Marie Moncelon, Éditions Arfuyen, coll. « Ainsi parlait », 2016.
- Poésie, réel absolu, florilège de fragments traduits par Laurent Margantin, Éditions Poesis, 2015.
- Hymnes à la nuit, Traduction de Raoul de Varax, L’Atelier du Grand Tétras, 2014.
- Hymnes à la nuit, version de l’Athenäum et version manuscrite, Chants spirituels, Les Disciples à Saïs, Traduction de Augustin Dumont, Les Belles Lettres, 2014.
- Novalis. Les années d’apprentissage philosophique. Études fichtéennes (1795-1796), Traduction d’Augustin Dumont, Presses Universitaires du Septentrion, 2012.
- Drei Nächte / Trois nuits, Traduction de Christian Désagulier, Éditions Cyanpress 2010.
- Le monde doit être romantisé, Traduction d’Olivier Schefer, Éditions Allia, 2008.
- Art et Utopie. Les derniers fragments, 1799-1800, Traduction d’Olivier Schefer, École Normale Supérieure, 2005.
- Semences, Blittenstaub, Traduction d’Olivier Schefer, Éditions Allia, 2004.
- Le Brouillon général, Traduction de l’allemand d’Olivier Schefer, Éditions Allia, 2000.
- Le Brouillon général , 1798-1799, Traduction d’Olivier Schefer, Éditions Allia, 2000.
- Journal intime, précédé de Clarisse, Traduction d’Armel Guerne, Éditions Mercure de France, 1997.
- Lettres de la vie et de la mort (1793-1800), Traduction de Catherine Perret, Éditions du Rocher, 1993.
- Hymnes à la nuit et Cantiques spirituels, Traduction de Raymond Voyat, Éditions de la Différence, 1990.
- Henri d’Ofterdingen, éditions bilingue, Traduction de Marcel Camus, Aubier Éditions Montaigne, 1988.
- Les Disciples à Saïs, Hymnes à la nuit, Chants religieux, Traduction d’Armel Guerne, Éditions Gallimard, 1980.
- Œuvres Complètes, Traduction d’Armel Guerne, 2 tomes, Éditions Gallimard, 1975.
- Les Fragments, éditions bilingue, Traduction d’Armel Guerne, Aubier Éditions Montaigne, 1973.
- Les Disciples à Saïs (1797-1798), Traduction de Maurice Maeterlinck, Heinrich von Ofterdingen, in Romantiques allemands, Éditions Gallimard, « La Pléiade », 1963.