Né à Bruxelles en 1898, le jeune Georges Mogin fréquente le collège St-Michel où il a pour condisciples Herman Closson et Henri Michaux. Marié en 1918, il devient voyageur de commerce dans le textile. Son entrée en littérature sous le pseudonyme de Norge a lieu en 1923 avec 27 poèmes incertains, suivi en 1926 par Plusieurs malentendus et une pièce de théâtre burlesque qui sera chahutée par les surréalistes. À partir de 1929, cette inspiration moderniste laisse place à une poésie plus éthérée où se ressent l’influence de Nietzsche : Le sourire d’Icare, Joie aux âmes. Norge est aussi un animateur apprécié du milieu littéraire, cofondateur du Journal des Poètes en 1931, organisateur de soirées poétiques privées, créateur des Cahiers blancs en 1936, adjoint aux éditions du Cercle d’Art. Sa création personnelle connait de 1939 à 1949 un creux qui est aussi un temps de gestation, et au terme duquel paraissent Les râpes, Famines, puis Les oignons et Le gros gibier. C’est une poétique nouvelle qui s’y affirme, avec un style vif, animé, des formules savoureuses, une thématique plus cynique. Aussitôt, A. Gide, F. Hellens, P. Éluard, F. Ponge et bien d’autres s’enthousiasment, attestant que le poète a désormais conquis sa pleine originalité. En 1954, Norge et sa compagne s’installent comme antiquaires à Saint-Paul de Vence. Tandis qu’elle peint, il écrit et publie chez Gallimard deux recueils d’une grande force : La langue verte (1954), Les quatre vérités (1962), après quoi viendront cinq livres chez Flammarion. Sa notoriété s’amplifie, soulignée par des nos spéciaux de revue, de nombreux articles, des travaux universitaires, plusieurs récompenses officielles, l’intérêt de professeurs de déclamation ou de chanteurs comme G. Brassens ou J. Moreau. La fin de sa vie est assombrie par la mort précoce de son fils Jean en 1986 – en témoigne son recueil Le stupéfait paru chez Gallimard peu après. Norge décède à Mougins en octobre 1990.