Martin Wable

Né à Boulogne-sur-Mer en 1992.
Rédacteur et ingénieur du document, il a exploré plusieurs métiers du livre.
Dans son travail d’écrivain, il est attentif aux notions géographiques.
Créateur avec Pierre Saunier de la revue Journal de mes Paysages, d’inspiration réaliste.

Prix de la Vocation en poésie, 2015, pour Géopoésie (Cheyne Éditeur, 2015).

Extrait

Avant il y avait certainement moi. Avant est devenu de plus en plus impénétrable, et tant mieux. Mieux c’est le soleil qui brille. La réverbération.

J’ai parlé. A partir de ce que j’ai dit, je peux trouver d’où je suis venu. Mais il y a eu le sable. Mon oeil se nettoie sur chaque grain de sable. Il est le sable, il reste le sable des millions de fois, et la pierre, elle, a décousu mes projets.

J’habite dans la pierre. Je ne le pensais pas, je m’y suis logé. Suis-je assez clair ?

Ici où je travaille. Dehors est en construction perpétuelle. J’habite dans une rue un peu en retrait de Vitry-sur-Seine. En face, il y a un stade. Un petit désert de pelouse qui me rappelle les galets.

Un petit désert de pelouse. Les rizières près de Chiang Rai, dans le nord de la Thaïlande, se lisent tout aussi bien. La mère de ma copine y vit. Il semble qu’à vélo, ou en scooter sur le bord du chemin, là-bas, on s’amuse bien.

Monsieur l’abbé de Choisy a visité Sukhothai, il a accompagné l’ambassade de France au temps de Louis XIV. Tout cela me paraît appartenir à plusieurs registres.

Pourtant le sol plat, là-bas, peut bien laisser des hordes de véhicules traverser.

Ça traverse beaucoup. Rien que le temple en ruine de leur voisin, le Cambodge.