Marilyse Leroux

Marilyse Leroux est une poète, nouvelliste et romancière jeunesse née à Vannes en Bretagne. Membre des Éditions Donner à voir depuis 1986, elle a publié une vingtaine de recueils poétiques. Elle est également animatrice d’ateliers d’écriture et chroniqueuse littéraire. Passionnée d’art, elle aime partager des projets avec des photographes, peintres, graveurs, sculpteurs, collagistes (nombreux livres d’artiste), mais aussi écrivains, poètes, musiciens, l’écriture se voulant pour elle énergie vitale, expérience, aventure, ricochets. Sa devise, empruntée au poète Saint-John Perse est "Poésie pour mieux vivre et plus loin."
Présente dans de nombreuses anthologies, elle a reçu en 2014 le Prix des Écrivains bretons pour Le temps d’ici (Éditions Rhubarbe) et en 2018 le prix Maram al-Masri pour Le sein de la terre (Éditions La Lucarne des Écrivains).

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Extrait

Incipit de Les mains bleues, Éditions Rhubarbe :

Le fleuve me défie. Si je peux tenir sur le bord sans m’effondrer, je connaîtrai la distance qui me sépare de mon chagrin.

Un bateau passe : une mère, un père, un enfant, une phrase.

Le pire ne peut rien contre la lumière.
L’oubli n’est pas un oubli s’il contient la vie.
Il existe des morts sans autel ni sépulture, on les entend qui respirent dans le matin frais.

Je viens d’un pays où les hommes inversent les couleurs, où les femmes brassent le ciel dans des jarres plus grandes qu’elles. Leurs sourires se pilent en poussière.
Des silhouettes se pressent sur les ponts. Moi j’étreins celles que j’ai perdues, à deux poings. Si j’écarte les doigts, elles ne s’envoleront pas.

Lorsque tu passeras sur ce pont, ne me pousse pas dans le fleuve. J’y suis déjà.

Je resserre ma robe autour de mes hanches. C’est un long travail de ne pas mourir. Je sais que l’on peut s’envoler de ne plus respirer. Je cueille un brin d’herbe qui le fera pour moi.

/…/

*

Extraits de Rivière toi aussi, Éditions La B :

Lorsque le bleu me prend
dans ses bras
le silence ne se ferme pas.

*
Si je dédouble la lumière
c’est que le jour
ne me suffit pas.

*

Extraits de On n’a rien dit de l’océan, Éditions L’Atelier des Noyers :

Descendre vers les hauts fonds
où se réinventent les départs
étreindre une algue − une autre
au pourtour des roches

Ne rien craindre de la folie passagère
des mots convulsés à l’intérieur des bouches
la mer n’érode pas le cœur dans sa cage.

*

Extraits de Une île, presque, Éditions Interventions à Haute Voix :

Tout se courbe
autour de nous
la mer l’horizon la plage
les silhouettes dans le vent

Les pas de chacun
forment un courant
comme à l’étrave d’un navire

On voudrait
laisser une parole
sur tout cela
courbe elle aussi

Mais seul le silence
peut remercier
ce qui avance avec soi.

*

Extraits de Nés arbres, Éditions L’Ail des ours :

Les enfants nés des arbres
ont le silence pour berceau

Leur mère les lave
dans des bacs à savon
sans savoir qu’ils laissent au fond
une terre de racines
où pousseront d’autres arbres.

*

Extrait de Le sein de la terre, Éditions La Lucarne des Écrivains :

Nos mains retourneront à la mer
comme au lieu de leur naissance

Elles se déferont sans plus de bruit
que du sable sur du sable

Les aimer jusqu’à l’oubli
ce sera encore aimer la mer.

*
Extrait de Sur ma table, Éditions Donner à Voir :

Silence

Sur la table de la salle à manger
une tasse oubliée boit le silence
à la petite cuiller.

*

Extrait de Le temps d’ici ,Éditions Rhubarbe :

Tu ouvres une brèche
dans l’épaisseur du monde
pour voir glisser le ciel
comme une aile
sur l’horizon parfait

Et c’est une joie
toujours neuve et désirante
que cette parole en voyage sur la mer

L’infini n’est jamais si loin
qu’entre deux portes.

*

Extraits de Ancrés, Éditions Rhubarbe :

Ne rien posséder
que sa présence

Ne rien faire qu’être là
sans astrolabe
ni mètre d’arpenteur

Entretenir l’écart salutaire
qui laissera des poissons
dans les arbres
et des fruits dans les algues.

*

Extraits de Quelques roses pour ton jardin, Éditions Atelier de Groutel :

Écoute
tout ici parle
pour la douceur

La fleur se cherche un nom
sur une couleur du ciel
la source a un parfum
d’herbe neuve

Le jour peut naître
d’une parole très claire
sur la peau

Tout se tient
près du premier souffle.

*

Extraits de Grains de lumière, Éditions L’épi de seigle :

La lumière voyage
de place en place

D’où venue ?
Circule dans nos corps
aussi loin que s’ouvre la vie

L’espace est si grand
entre nos yeux

S’il n’a pas de nom
nous le baptiserons
de la couleur du feu
sur l’eau.

*

Extraits de Le fil des jours, Éditions Donner à Voir :

Le temps travaille
a la douceur des choses
contre la dureté de l’heure
la sécheresse coutumière

La parole envahit ses chemins
de force et de faiblesse
partout où s’aventure la vie

Sache-le
le cœur perméable se nourrit
du temps léger

Et l’amertume
entre les parois de l’air
reste la part des anges.

*

Extrait de Herbes, Éditions Donner à Voir :

Les seuils ont viré bleu
sous la fumée des orages

La terre
à bout de source
nous attend
nous tend ses lacets

Et partout
la sandale sèche
du désir.

***

Bibliographie

Poésie :

  • Rivière toi aussi, Éditions La B, 2023.
  • Les mains bleues, Éditions Rhubarbe, décembre 2022.
  • On n’a rien dit de l’océan, Éditions L’Atelier des Noyers, 2021. Peintures d’Anouk Van Renterghem.
  • Une île, presque, Éditions Interventions à Haute Voix, 2021.
  • Nés arbres, Éditions L’Ail des ours 2020. Gravures de Thierry Tuffigo.
  • Sur ma table, Éditions Donner à voir, 2019. Dessins de Consuelo de Mont Marin.
  • Le sein de la terre, œuvres de Véronique Durruty, La Lucarne des Écrivains, 2018.
  • Ancrés, Éditions Rhubarbe 2016. Gravures de Danielle Péan Le Roux
  • Le temps d’ici , Éditions Rhubarbe, 2013. Prix des Écrivains Bretons, œuvres de Xureli.
  • Quelques roses pour ton jardin, Éditions Atelier de Groutel, 2011.
  • Le fil des jours, Éditions Donner à Voir, 2007. Dessins de Xureli.
  • Grains de lumière, Éditions L’épi de seigle, 1999. Dessins de Xureli.
  • Herbes, Éditions Donner à Voir, 1995. Dessins de Xureli.

Livres d’artistes :

  • À nous tous, Éditions leporello, collages de Ghislaine Lejard, 2021.
  • Pivoines, sur des gravures de Danielle Péan Le Roux, Éditions LŒil de la Méduse, 2019.
  • Urbaine, avec le plasticien Francis Rollet, CMJN Éditions, 2015.
  • Insondable, sur une gravure de Danielle Péan Le Roux, Éditions LŒil de la Méduse, 2015.
  • Deux faces pour l’éveil du monde, avec le plasticien Francis Rollet, L3V, MT-galerie, 2014.
  • Que retenir qui s’échappe, avec la plasticienne Choupie Moysan, L3V, MT-galerie, 2014.
  • Entre-deux, Livre pauvre avec la collagiste Ghislaine Lejard, L3V, MT-galerie, 2013.

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