Mains d’ombre d’Elodia Turki

Ici nous sommes, comme pour toujours, perdus retrouvés dans notre souffle, entourés de murmures, les mains ouvertes sur le vide apparent qui nous enveloppe. Nous hésitons : sommes-nous seuls ? Sommes-nous avec les autres ? Sommes-nous l’autre ? Tous les autres ? Qui parle à qui quand nous parlons ? Et à travers nous, qui parle ? De gestes en paroles, de rêves en éveil, le monde nous entraîne dans sa ronde… Certaines choses que l’on dit… Certaines choses que l’on nous dit, puis… plus rien de ce que l’on s’est dit.
*
La mer dessinée par ma soif
portera mes vaisseaux
tout sera car je suis
fantastique animale
enfant illégitime
d’une grotte… et d’une étoile
*
Sa main - la tienne
telle une ombre jalouse
dans la fleur innombrable de ma peur
peut-être eut-il suffi
que la lenteur des yeux
épelle enfin le trouble
pour que pour toujours soit
l’improbable partage
*
Elodia TURKI
(Poèmes extraits de Mains d’ombre, édition bilingue, éd. Librairie-Galerie Racine, 2015).
Poème
de l’instant
Une fin d’après-midi à Marrakech
Parler s’en va dans la nuit, entièrement :
Comme un désir est dans le cœur.