Mahmoud Darwich

Mahmoud Darwich naît le 13 mars 1941 à Al-Birwa en Galilée, à neuf kilomètres à l’est de Saint-Jean-d’Acre en Palestine sous mandat britannique, aujourd’hui territoire israélien.

Mahmoud est le deuxième enfant d’une famille musulmane sunnite de propriétaires terriens. Il a trois sœurs et quatre frères. En 1948, suite à l’établissement de l’État d’Israël, la famille Darwich est contrainte de fuir au Liban . Un an plus tard, lorsqu’elle décide de revenir dans leur village en Palestine, elle s’aperçoit que celui-ci est désormais un village israélien. Les Darwich s’installent alors à Deir-al-Asad.

Sous la menace de l’expulsion, c’est pourtant dans cette nouvelle ville de Galillée que Mahmoud débute ses études primaires qu’il réussit admirablement bien. Il termine ses études secondaires à Kafar Yassif, avant de rejoindre Haïfa. En 1960, alors qu’il n’est âgé que de dix-neuf ans, il publie son premier recueil de poésie intitulé Asafir bila ajniha (Oiseaux sans ailes).

À partir de 1960, Mahmoud commence à publier dans de nombreuses revues, des journaux et des magazines tels que Al-Itihad et Al-Jadid pour lequel il deviendra plus tard rédacteur. En 1961, après avoir secrètement rejoint le Maki, Parti communiste judéo-arabe, il commence à travailler pour l’Al-fajr, comme rédacteur-adjoint. Cette appartenance ainsi que ses diverses publications lui attirent la surveillance des autorités qui vont à de nombreuses reprises l’arrêter et l’emprisonner entre 1961 et 1967.

En 1964 déjà, il est reconnu internationalement comme une voix de la résistance palestinienne, notamment grâce à son recueil Rameaux d’olivier (Awraq Al-zaytun). Certains poèmes, comme « Identité », dépassent rapidement les frontières, au point de devenir des hymnes de lutte dans l’ensemble des pays arabes.

En 1970, après la publication d’articles politiques jugés trop virulents, Mahmoud est assigné à résidence à Haïfa. Il demande ainsi un visa qui lui permettrait de quitter le pays. Il se rend alors à Moscou où il étudie l’économie politique. En 1973, après avoir entre temps travaillé pour le quotidien Al-Ahram, il décide d’aller s’installer à Beyrouth où il devient directeur du mensuel Shu’un Filistiniyya (Les affaires palestiniennes). Il travaille également en tant que rédacteur en chef au Centre de Recherche Palestinien de l’OLP. L’année 1981 est celle de la création du journal littéraire Al-Karmel dont il devient le rédacteur en chef.

L’année suivante, du 13 juin au 12 août, l’armée israélienne lance une série de bombardements sur Beyrouth afin de faire fuir l’OLP de la ville. Mahmoud vit ainsi la résistance palestinienne, qu’il admire, et qu’il évoquera dans Qasidat Bayrut de 1982 et Madih al-xill al’ali de 1983. Reparti en exil au Caire, à Tunis, puis enfin à Paris, il est élu au comité exécutif de l’OLP en 1987.

En 1993, Mahmoud voit tout d’abord le dernier numéro de sa revue Al-Karmel paraître, avant de quitter définitivement l’OLP, qu’il juge trop conciliant. Il dit préférer « une paix mais une paix juste ».

En 1995, il reçoit une autorisation de séjour de la part des autorités israéliennes et s’installe dans une ville de Cisjordanie, Ramallah, ville où Yasser Arafat avait ses quartiers.

En mars 2000, le ministre israélien de l’Éducation, Yossi Sarid, propose que certains de ses poèmes soient inclus dans les programmes scolaires israéliens mais le premier ministre de l’époque, Ehud Barak, conteste cette idée jugeant, qu’« Israël n’est pas prêt. »

Mahmoud meurt le 9 août 2008 dans un hôpital de Houston, aux États-Unis. Suite au deuil officiel de trois jours décrété par l’Autorité palestinienne, des obsèques nationales eurent lieu à Ramallah, réunissant bon nombre de dignitaires palestiniens, dont le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Bibliographie

  • L’Exil recommencé, Traduction d’Elias Sanbar, Actes Sud, 2013.
  • Le lanceur de dés et autres poèmes, photos de Ernest Pignon-Ernest, Traduction d’Elias Sanbar, Actes Sud, 2010.
  • La Trace du papillon, Journal poétique, Eté 2006 - été 2007, Traduction d’Elias Sanbar, Actes Sud, 2009.
  • Je ne veux pas de fin à ce poème…, Riyad El-Rayyes, 2009.
  • Anthologie (1992-2005), traduit de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar, Éditions Actes Sud, 2009.
  • Comme des fleurs d’amandier ou plus loin, Traduction d’Elias Sanbar, Actes Sud, 2007.
  • Etat de siège, Éditions Actes Sud, 2004.
  • La Terre nous est étroite et autres poèmes, Éditions Gallimard, 2000.
  • Le lit de l’étrangère, Éditions Actes-Sud, 2000.
  • La Palestine comme métaphore : entretiens traduits par Elias Sanbar, Éditions Sindbad/Actes Sud, 1997.
  • Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?, Éditions Actes Sud, 1996.
  • Au dernier soir sur cette terre , Éditions Actes Sud, 1994.
  • Une mémoire pour l’oubli , Éditions Actes-Sud, 1994.
  • Plus rares sont les roses, Éditions Minuit, 1989.
  • Chronique de la tristesse ordinaire, suivi de Poèmes palestiniens, Éditions Cerf, 1989.
  • Palestine mon pays : l’affaire du poème, Éditions Minuit, 1988.
  • Rien qu’une autre année : autobiographie poétique : 1966-1982, Éditions Minuit, 1983.
  • Les Poèmes palestiniens de Mahmoud Darwich, Éditions Cerf, 1970.