Les poèmes de Julius White
Jean-Claude Pirotte

Polar poétique, les vers du mystérieux Julius White nous transportent sur les rives de la Tamise, aux limites brumeuses d’une ville de Londres cruelle et fantasmée. Ce poète oublié raconte son enfance brisée, l’école de la délinquance et de la violence urbaine, sa passion pour sa muse Amanda ; jusqu’au cri final contre les conditions carcérales.
Julius White, poète-gangster, rejoint la lignée des auteurs cabossés par la vie : François Villon, Guillaume Apollinaire, Arthur Cravan, le « poète-boxeur », Jean Genet, Alan Moore ou Nick Cave.
En publiant ce carnet inédit, les éditions La Grange Batelière mettent en lumière, pour la première fois, le travail de traducteur d’Ange Vincent, éthéronyme de Jean-Claude Pirotte. Cette œuvre rend hommage à Valéry Larbaud et Pierre Mac Orlan et à leur fascination pour l’Angleterre.
Jean-Claude Pirotte, né à Namur en 1939 et décédé en 2014, est un écrivain majeur – il est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages – qui connut un destin hors norme. Avocat, accusé d’avoir aidé un de ses clients dans une tentative d’évasion, il fut condamné à dix-huit mois de prison. Protestant de son innocence, il s’exila en France et entama une cavale de cinq années. On peut penser que tout ceci n’est pas pour rien dans la singularité troublante de ces poèmes du mystérieux Julius White.
Paru le 6 janvier 2022
Éditeur : La Grange Batelière
Poème
de l’instant
C’est comme ouvrir un menhir avec les mains
Cessez de chercher, vous êtes la porte
et les gardiens qui en interdisent l’accès.
Chaque pas vous éloigne du nombril
chimères assoiffées d’aventure.
Vous croyez que le mariage vous libère de la mort
ou que l’argent vous marque dans la hiérarchie divine.
Cessez de chercher, la conscience est le philtre magique,
L’œil capable de rejoindre les orbites vides de Dieu
traversant la mort. Personne ne se rencontre soi-même
en parcourant les mers ou en explorant les cavernes.
C’est difficile, comme ouvrir un menhir avec les mains
car notre âme est plus dure que la pierre.
dire ne suffit pas, no basta decir, Le Veilleur Éditions, 2003.