Léger mieux de Shoshana Rappaport

« Oui. Elle va ramener l’ordre. Elle sera submergée par la vie ordinaire. Elle trompera l’ennui. Elle s’imposera de nouvelles règles. Elle régnera malgré le tumulte. Elle s’habituera à ses nuits d’insomnie, à ses crises, aux migraines, à l’euphorie qui suit. »
Lorsque l’abîme se dresse, que la pensée se heurte avec une lucidité sans faille à ce qui la menace, qu’elle se déploie en vain contre le tourment – se retournant contre elle-même –, que l’existence tressaille, réifiant l’effort, quand le bruissement intérieur anéantit progressivement l’idée même d’un avenir possible, quelle réponse opposer, fermement, à l’inexorable ?
Léger mieux tente d’échafauder une hypothèse, de résoudre le paradoxe de trois vies auxquelles la création offre bien plus qu’un recours inespéré.
Trois portraits, trois destins, trois femmes : Virginia Woolf, Sylvia Plath, Marina Tsvetaïeva.
Les trois grâces furent-elles les sœurs des Parques renvoyées à la nuit ?
Poème
de l’instant
incantation pour nous toutes
Le dehors s’empresse la nuit autour de la maison. Les orties rasent les murs extérieurs. Les loups cherchent les ouvertures pour traverser en meute. Le tilleul espionne les dormants et leurs offices dans le noir.