Le sabot de Vénus

Précédé de Implorations minuscules

Le sabot de Vénus

Lorsque l’existence brutalise, l’écriture, nécessaire de survie, se resserre. Implorations minuscules évoque la disparition d’un être cher :

« Chante, vif invisible, chante à pleine gorge ce qui me noue la gorge. »

Le Sabot de Vénus, dédié au bien-aimé, s’essaie à explorer l’affliction, notamment cette réclusion singulière qu’elle engendre :

« Me voici sur le chemin de crête, le regard sur chaque versant, celui des morts où tu es allé, celui des vivants où je suis restée. Sensation d’étrangeté. », ainsi qu’à inventorier la perte, source de rêves, objet de constats :
 
« Ta mort donne à notre vie, désormais scellée, son relief singulier, sa brillance unique. »
 
au cours de ce qui devient un hommage à l’être aimé, « trésor à jamais perdu » :
 
« Te rencontrer fut un enchantement, bientôt glissé dans la trame des jours. »
 
De temps à autre cependant, tu apparais, passant mystérieux quoique familier, dans mes rêves.
 
Il y a peu, cavalier à cheval, tu t’élançais dans les airs lumineux du haut d’une falaise abrupte jusqu’au profond de la mer étincelante.
 
Echappée vers l’éternité ?
 
Plus récemment, tu regagnais la maison, à la main un tapis d’Orient, chatoyant, de soie blanche et bleue.
 
Offrande de frontalier.

Françoise Vignet, extrait de Le sabot de Vénus

© Editions Alcyone

Paru le 1er juin 2022

Éditeur : Editions Alcyone

Poème
de l’instant

Mon corps et moi

Nu dans le soleil et si près d’être à jamais sauvé, c’est le réveil d’une chair pour qui la lumière, la joie ne peuvent être encore que d’intermittents miracles.

René Crevel, Mon corps et moi, Le Livre de Poche, 1991.