La porte le rêve
Auteur : Christophe Lamiot Enos

Récit d’une histoire vécue, la porte, le rêve se veut combat contre ce qui minimise le travail et l’importance de l’activité onirique — que celle-ci se manifeste durant la nuit, ou durant le jour ; qu’elle se limite apparemment à une intimité ou bien s’inscrive, de façon évidente, en un intérêt commun, pour tous.
Combat, parce que tout d’abord témoignage : c’est avec la plus grande rigueur que Christophe Lamiot Enos, puis Chelsea Mortenson, en de superbes aquarelles, se sont voués à exprimer ce qui s’est rencontré de rêves récurrents, spécifiques, à travers des paysages désormais partagés, du Néguev et plus particulièrement d’Oboda la nabatéenne, sur le site aujourd’hui d’Avdat.
Tel effort d’expression a pu voir le jour grâce à un repérage sur le terrain, de nombreuses photographies prises par Lamiot Enos, ainsi que des entretiens avec les meilleurs des spécialistes de l’archéologie nabatéenne. Pourtant, Lamiot Enos n’avait pas été sur ces lieux au moment de ses rêves — pas encore. L’Imaginé intérieur a précédé le cartographié du dehors. Quelle mémoire, visionnaire, en lui, a parlé, alors ? N’a-t-elle pas dit et redit surtout, par-delà tel ou tel propos précis, quelque beauté perdue, à retrouver à même le désir ? Le volume la porte, le rêve ne nous passe-t-il pas cette demande, à nous, lectrices/lecteurs, de rêver aussi et fort, pour aller, à notre tour, à la suite de nos rêves ?
Poème
de l’instant
Es como abrir un menhir con las manos
Cesad de buscar, vosotros mismos sois la puerta
y también los guardianes que prohiben la entrada.
A cada paso que dais os alejais del ombligo
convertidos en fantasmas sedientos de aventura.
Creeís que el matrimonio os libera de la muerte
o que el dinero os inscribe en la jerarquía divina.
Cesad de buscar, el filtro mágico es la conciencia,
ojo que puede regresar a las cuencas vacías de Dios
atravesando la muerte. Nadie se encuentra a sí mismo
recorriendo los mares o bajando a cavernas.
No es fácil, es como abrir un menhir con las manos
porque tenemos un alma más dura que la piedra.
dire ne suffit pas, no basta decir, Le Veilleur Éditions, 2003.