La guerre secrète
Auteur : Guénane Cade

« Elle le savait atteint par le bacille honteux. Ses proches la mettaient en garde, avec plus ou moins de franchise ou d’élégance, mais tous lui faisaient le même grief : on n’épouse pas quelqu’un qui va mourir ; un mariage, c’est d’abord de l’espoir. Sa sœur fut la plus cruelle : "Avec un peu de chance, on sera à la noce le samedi et le lundi à l’enterrement !" Elle recevait, depuis des années, chaque reproche, chaque insinuation comme un jet de pierres ; avec ces pierres elle se construisit un mur ; derrière ce mur, elle n’écoutait qu’elle-même. » (extrait)
Poème
de l’instant
La dernière phrase
Il n’y a ni drame ni déchirure.
On dirait dans le jour un infime
vertige. Rien ne change mais tout
vacille. ce qu’on voit, on le voit
comme s’il venait de s’absenter
et que chaque objet portait encore
une trace de ce qui s’éloigne.
Un peu de chaleur avant le froid.
Une attente qui n’attend plus rien.