L’offrande
Auteur : Anna de Noailles

Figure adulée ou décriée, mais inoubliée, l’aura mondaine la voile et la dessert plus qu’elle ne révèle son talent véritable. Amie de Barrès, de Cocteau, louée par Proust et par Colette, Anna de Noailles paraît célébrer un éternel été en lutte contre les ombres : celles, le masque retiré, de la douleur, de l’honneur de souffrir, de la solitude fière enfin face à la mort. Le sensualisme y acquiert une beauté profonde et simple au coeur d’une moisson de joies païennes et d’amères méditations.
Poème
de l’instant
Une tristesse bleue et grise
Évidemment l’orgueil et la trouble passion
Les papiers arrachés, bien sûr, les volets clos
Les livres sans mémoire et presque à l’abandon
L’étui de ton violon fermé comme un sanglot
Mais penser à tes gestes carrés vers les miens
La presque cruauté, la langueur infinie
Le rire en plein désir et les larmes à la fin
M’ont fait aimer la mort et préférer la vie