L’ivresse des rimes
Auteur : Laurent Bourdelas

Dans cet essai très agréable à lire, l’auteur étudie les rapports entre certains poètes français du XIXe siècle et du début du xxe et le vin ou l’alcool, soit qu’ils en consomment (ce qui est pratiquement toujours le cas) avec plus ou moins de retenue, soit qu’ils s’en inspirent dans certains de leurs textes – que le breuvage soit réel ou métaphorique –, soit même qu’ils en produisent, comme les poètes vignerons Lamartine et Vigny.
Au fil de pages fourmillant d’anecdotes, on découvre des portraits d’auteurs majeurs ou moins connus, le verre à la main : les romantiques (Musset, Gautier, Hugo, Lamartine, Vigny…), les poètes maudits (Nerval, Baudelaire, Villiers de l’Isle-Adam, Mallarmé, Corbière, Lautréamont, Rimbaud…), des personnalités atypiques comme Gaston Couté, Jules Laforgue ou Francis Jammes, et pour finir ceux des « nouveaux temps » issus de la Première Guerre mondiale : Apollinaire ou Cendrars.
Le livre est aussi l’occasion de brosser un tableau de Paris, capitale culturelle, littéraire et poétique, à travers ses estaminets et ses cabarets, comme le célèbre Chat noir.
Poème
de l’instant
33 poèmes en forme de nouvelles (ou l’inverse)
Il arrive fréquemment que les hommes aient peur des chevaux. Certains jouent les indifférents, d’autres ne cachent pas leur inquiétude. Pégase, le cheval divin, avait des ailes d’ange à faire peur. Incitatus avait une écurie de marbre, une mangeoire en ivoire, à faire peur. Sur la tombe de son cheval, Alexandre fonda la ville de Bucéphalie et provoqua peur et questionnement. Mais là, là, dans ce champ jaune, il s’agit de retourner les terres les plus empierrées, car tout le monde ne possède pas encore son Massey Ferguson. Auquel on ne prête ni ailes ni ombres.