L’ailleurs des mots

Auteur : Anise Koltz

Du fait de l’Occupation, Anise Koltz, alors jeune lycéenne, est amenée à s’orienter vers la langue et la littérature allemandes. C’est ainsi que ses premiers ouvrages seront tous écrits dans cette langue. Quelques années plus tard, son mari René Koltz, éminent médecin, directeur de la Santé publique du Grand-Duché mourra prématurément des suites des tortures que lui ont infligées les nazis. Ces deux éléments expliquent le rapport très difficile d’Anise Koltz à la langue, et en particulier la langue allemande.

Progressivement, alors que ses premiers recueils ont tous été écrits en allemand, Anise Koltz est passée au français et, à partir des années 80 abandonnera totalement sa première langue littéraire. Dans le même temps, ils gagnaient en concision et en vigueur, marqués d’une rage expressionniste qui continue de les raccorder davantage à la tradition littéraire allemande qu’à celle de la littérature française. Là réside sans doute une part de l’originalité de l’écriture d’Anise Koltz. « Casser le mot / comme une noix / en extraire le noyau / le broyer entre les dents / le recracher au poème », telle est la poétique de cette femme singulière. « Je suis Jonas, écrit-elle / enfermé dans sa chair / se noyant / dans son sang »

Paru le 1er janvier 2007

Éditeur : Arfuyen

Genre de la parution : Recueil

Poème
de l’instant

Serge Sautreau

Rivière je vous prie

Loin, un instant, des rives, souvenons-nous, riverains des cours de porcelaine, souvenons-nous des loges de verre, entre flammes et idoles, où se pâmaient le mythe, la révolte, les tyrannies de la fin…

Loin, à l’instant, loin du poumon fertile, c’est l’origine qui appelle avec de longs herbiers ondulant sous la nacre, laissant apercevoir des sables habités, des galaxie solubles, des à-pics de massifs coulés s’engloutissant dans le vert sombre.

Pour invoquer. Pour éveiller le dieu. Pour ne jurer de rien. Pour accueillir. Rivière.

Serge Sautreau, Rivière je vous prie, Éditions l’Atelier le Ciel sur la Terre, 1997