L’Abîme horizontal
Auteur : François Montmaneix

La nuit me prête un peu de son immensité
je lui cède en échange quelques-uns
des maux de tête acérés
qui de leurs dents et de leurs griffes
arment un rongeur invisible
au cœur de cet arbre le mien
habité par des vertiges
sans qui j’ignorerais où je suis
je les regarde s’en aller
va-t-il me manquer quelque chose ?
Suis-je amputé de la douleur
qui offrait un refuge aux idées
faites pour n’être pas conçues ?
Je vais m’enchaîner au vent par la tête
et je m’écoulerai avec lui
lié sans défense au temps sans souffrance
à la fin j’apprendrai – je le sais –
que pour apercevoir la bête
à qui je dois de connaître ma vie
il me faudra demain abattre l’arbre
Poème
de l’instant
Le mot
J’ai arraché le mot aux crevasses de la langue, l’ai amené et planté dans mon jardin, que j’ai désherbé, labouré, arrosé, jusqu’à ce que le mot germe, fleurisse, emplisse le jardin de son parfum.