Journal
Quand le journal froissé,
et ses yeux de papier
noircis de l’encre
des pauvres mots du jour
eux aussi froissés,
très froissés,
les yeux, les mots,
quand le journal déchiqueté,
aveuglé, et son sourire narquois
et sa bouche tordue
de ses interminables aveux,
quand le journal mis en pièces
puis en boule,
dense comme une souche,
quand le journal dur,
revient
à l’état d’arbre
et qu’il refait refait des feuilles,
il découpe à nouveau
des sourires purs et pâles,
dans l’espace des hommes qui le croient
puisqu’ils le voient.
Ils le voient.
Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004
Poème
de l’instant
Lettre à George Sand
25 juillet 1833,
Mon cher George,
J’ai quelque chose de bête et de ridicule à vous dire. Je vous l’écris sottement, au lieu de vous l’avoir dit, je ne sais pourquoi, en rentrant de cette promenade. J’en serai désolé ce soir. Vous allez me rire au nez, me prendre pour un faiseur de phrases dans tous mes rapports avec vous jusqu’ici. Vous me mettrez à la porte et vous croirez que je mens. Je suis amoureux de vous, je le suis depuis le premier jour où j’ai été chez vous.