Jean-Pierre Duprey

(1930-1959)
Né à Rouen en 1930. Il vient à Paris en 1948 où il participe au mouvement surréaliste, en tant que poète, peintre et sculpteur. Il se consacre entièrement à la sculpture à partir de 1953. Pour protester contre la guerre d’Algérie, il va uriner sur la tombe du Soldat inconnu et sera battu et arrêté pour cet acte. Suite à ce fait traumatisant, il va en asile psychiatrique pendant quelques mois. Il envoie à André Breton ses derniers poèmes avant de se suicider. Jean-Pierre Duprey exprime sa hantise du néant dans ces poèmes, empreints de noirceur.

Extrait

SEIZE ANS

J’ai dominé toute une station de vie
Ma première enfance est entrée dans la pierre
Mes premières larmes sont sorties avec les passereaux
J’ai vu un Dieu, j’ai vu les hommes
Et mes yeux ne se cherchent même plus
Hier je suis allé sur la montagne qu’habita la lune
Et je suis revenu le cœur plein de tristesse
Il ne me reste plus qu’un souvenir et une guitare brisée
Un saule pleureur se dépouille et m’habille de larmes
Qu’est-il de plus triste au monde que de partir sans chanter

extrait de "C’était hier et c’est demain", éd. Seghers, 2004

Bibliographie

  • Derrière son double, Le Soleil noir, 1950.
  • Dans l’œil du miroir, Le Soleil noir, 1964.
  • Œuvres complètes, Christian Bourgois, 1990.
  • Un bruit de baiser ferme le monde, le Cherche-midi, 2001.