Ingeborg Bachmann

Ingeborg Bachmann naît le 25 juin 1926 à Klagenfurt en Carinthie.
Ingeborg est la fille d’un directeur d’école protestant adhérant au NSDAP en 1932 qu’elle voit s’engager comme volontaire en 1939 dès la déclaration de guerre à la Pologne. Elle a alors 13 ans.
Particulièrement intéressée par la littérature, elle abandonne assez rapidement ses études de droits pour se consacrer aux Lettres et à la philosophie. En 1950, alors âgée de 24 ans, elle obtient son doctorat de philosophie avec une thèse intitulée La Réception critique de la philosophie existentielle de Martin Heidegger.
Suite à cette formation littéraire et philosophique, Ingeborg, tout comme beaucoup d’écrivains germanophones de l’après-guerre, rejoint le Groupe 47, groupe mis en place principalement par Alfred Andersch et Hans Werner Richter à la suite de la censure par les autorités américaines de leur revue Der Ruf créée en 1945. Le groupe a alors pour objectif de constituer une élite démocratique dans le domaine des lettres et de développer de nouvelles formes d’écriture. Hanz Magnus Enzensberger le qualifiera d’« assemblée d’esprits libres ».
Poétesse, Ingeborg reçoit dès 1953 le prix du Groupe 47 pour son premier recueil de poèmes intitulé Le Temps en sursis (Die Gestundete Zeit). Elle débute également la conception de pièces radiophoniques telle que Les Cigales (Die Zikaden) en 1955 qui connaît un véritable succès.
En 1958, lors de la session dite Grossholzleute, Ingeborg mène, aux côtés de Ilse Aichinger notamment, un projet de libéralisation de la femme des jougs de l’homme. Si le Groupe 47 souhaite dans son ensemble libérer les Hommes des mots salis par les Nazis et écrire un nouveau monde, Ingeborg désire particulièrement réécrire la femme ainsi que l’amour, dont les descriptions sont jusque-là principalement issues de l’imagination des hommes. C’est toutefois cette différenciation qui va quelque peu défaire le lien qu’elle avait jusqu’alors avec le public.
Ingeborg vit à cette époque, de 1958 et 1962, entre Rome et Francfort, aux côtés de l’écrivain suisse allemand Max Frisch.
Proche du milieu universitaire, Ingeborg inaugure en 1959 la chaire de poétique de l’université de Francfort-sur-le-Main créée dans le but de permettre à un écrivain allemand d’exposer ses réflexions sur l’art poétique. Finalement, Ingeborg ne donnera que cinq conférences qui porteront le titre de Questions de poésie contemporaine.
En 1964, le prestigieux prix Georg-Büchner lui est décerné. Elle compose pour l’occasion de la réception de celui-ci un texte intitulé Berlin, un lieu de hasards.
Ingeborg publie son premier roman Malina en 1971. Il deviendra le premier tome de la tétralogie Genres de mort (Todesarten) et sera le dernier ouvrage publié de son vivant. Ce roman, salué par la critique, se veut être le premier volet d’une série fondée sur un véritable effort de rénovation « féminine » de la langue. En 1991, le cinéaste allemand Werner Schroeter décide de l’adapter à l’écran, donnant à cette occasion le rôle de l’héroïne à Isabelle Huppert.
Le 17 octobre 1973, Ingeborg Bachmann est retrouvée morte suite à l’incendie de sa chambre d’hôtel à Rome. Si la thèse de l’accident reste la plus probable, celle du suicide est également envisagée.
L’importante correspondance qu’elle entretenait avec Paul Celan, dont elle était la « femme aimée » est publiée en 2008 sous le titre Le temps du cœur (Herzzeit) par l’éditeur Suhrkamp.
Depuis 1977, le prix Ingeborg Bachmann est décerné à Klagenfurt.
Bibliographie
Poésie
- Le Temps en sursis (Die gestundete Zeit), 1953.
- Invocation à la Grande Ourse (Anrufung des Großen Bären), 1956.
- Toute personne qui tombe a des ailes, Poèmes 1942-1967, Édition bilingue, Traduction de Françoise Rétif, Éditions Gallimard, 2015.
Pièces radiophoniques
- Les Cigales (Die Zikaden), 1955.
- Le Bon Dieu de Manhattan (Der Gute Gott von Manhattan), 1958.
Nouvelles
- La Trentième Année (Das dreißigste Jahr), 1961.
- Trois sentiers vers le lac, 1972.
- Le Passeur, Traduction de Miguel Couffon, Actec Sud, 1993.
- Trois sentiers vers le lac, Traduction d’Hélène Belletto, collection Babel, Actes Sud, 2006.
Romans
- Malina, 1971.
- Franza (Der Fall Franza), 1979.
- Requiem pour Fanny Goldmann (Requiem für Fanny Goldmann), 1979.
Divers
- Berlin, un lieu de hasards (Ein Ort für Zufälle), 1965.
- Berlin, un lieu de hasards (Ein Ort für Zufälle), avec des dessins de Günter Grass, 1987.
- Leçons de Francfort (Frankfurter Vorlesungen), recueil de cinq textes de conférences, 1980.
- Lettres à Felician (Briefe an Felician), Lettres de 1945-1946, 1991.
- Journal de guerre, suivi des Lettres de Jack Hamesh à Ingeborg Bachmann, Actes Sud, 2011.
- Le temps du cœur (Herzzeit), Correspondance d’Ingeborg Bachmann et Paul Celan, Traduction de Bertrand Badiou, Éditions du Seuil, 2011.
Anthologies
- Œuvres, contient la prose d’Ingeborg Bachmann, Actes Sud, 2009.