In Vivo de Marianne

Je me laisse pousser les dents, les bras, la langue
et les oreilles.
Je laisserai ma mâchoire s’ouvrir dans ce craquement
que tu entends déjà ;
jusqu’à ce que ma bouche saigne,
jusqu’à ce que mon palais se déchire,
au son de cette toile que l’on découpe à mains nues ;
jusqu’à ce que ma glotte élastique se tende,
jusqu’à céder,
avec ce bruit de fouet que tu entends claquer
jusqu’à ce que mes cordes vocales s’étirent,
s’étirent jusqu’à s’entortiller
tout autour de mon cerveau
jusqu’à ce qu’il explose d’être trop serré
au creux de ce crâne…
Poème
de l’instant
le soleil ne se couchera pas
le soleil ne se
couchera pas
il veut un alphabet
de page blanche
Éric Jaumier, Revue Contre-Allées, 2021.