Hervé Martin

Hervé Martin vit près de Rambouillet. Il est travailleur social. Très tôt, l’écriture poétique l’a accompagnée et soutenue en silence. Élevé dans une famille ouvrière, il a souvent puisé dans son enfance pour nourrir des poèmes qui rendent hommage aux disparus et aux métiers manuels. Au gré de poèmes très courts ou au contraire plus amples, sa poésie parle volontiers de l’absence, du temps arrêté, du manque mais aussi de la fraternité, de l’espoir.
Il dirige la revue de poésie Incertain Regard et s’adonne à une activité critique depuis 1997. Il a animé des ateliers d’écriture notamment auprès de personnes présentant des déficiences psychiques et intellectuels.
Publié dans différentes revues, il est l’auteur de plusieurs livres dont J’en gage le corps (2011) aux éditions de l’Amandier et Métamorphose du chemin (2014) aux éditions Éclats d’encre.
http://www.marc-giai-miniet.com/page35a.html
http://hervemartindigny.jimdo.com/
Extrait
Premier monologue
— Qui donc en toi
es-tu visage
sous mon regard
chavirant le passé
d’un temps
qui ne reviendra plus
J’attends entends
nos souffles tièdes
rires et mots
quand le chagrin
rode et s’incruste
en nos jours
dans nos balbutiements
et lèvres malhabiles
le sang
saccadé de nos veines
— Te nommer
pour l’éclaircissement
d’une lumière vivre
Et te découvrir
en cet autre visage
dessein
lisible aux yeux
L’être d’une femme
d’un homme
n’est pas indemne
des jours nuits
gravés en eux
dans l’attendrissement
de l’enfance
— J’imagine ce jour
tes premières années
en un matin peut-être
L’enfant lueur
promesse dans l’éclat
l’innocence du gris
et vert dans les yeux
L’enfant tombé
la chute dans la lie
la litière cette soue
en un comas et perte
de la connaissance
Naît ici cette crainte
désormais qui t’enivre
et plaque rude au sol
les espérances tues et
perdues dès ce temps
de sommeil profond
- dis tu-
où l’enfant fut omise
rien que promise au hasard
cette horde vulgaire
la vie qui fonde entier
les relégués pour pauvres.
— Ta langue depuis
-dis- tu-
réinscrit dans la bouche
le tressaillement
et frayeur des mots
Cette chute des cris
en soi plantés
comme en des plaies
des lames acérées
Silencieuses
Elles fouaillent l’intime
au fond de soi
l’être le corps
Tu parles
et tu trembles tes mots
Chuchotements
la bouche hésite
entre l’écoute
et le mutisme des regards
Le tremblement rappelle
la répétition le souligne
…
Extrait de J’en gage le corps – Éditions de l’Amandier (2011)
Bibliographie
Sous l’odeur des troènes, Univité, 2022
Ouvrage collectif