Habillé de son corps
Auteur : Romain Fustier

"après l’amour la pluie a redoublé, le monde
est de nouveau entré dans la maison où son
corps épuisé s’est abandonné sur le lit, les
membres éparpillés dans la chambre, sur le sol
où il a jeté ses vêtements dans la hâte de se
trouver en elle, entre ses cuisses que les gout-
tes fouettent à présent, l’orage s’approchant de
la dépouille de leur jouissance […]"
Poème
de l’instant
Sonnet
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête ! »
En somme, je suis mal côté.
J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal ;
Des roses, des roses, des roses !
Charles Cros, « Sonnet », Le Collier de griffes.