Grandir
1er avril 2012
Maisons poèmes de Valérie Linder
"Il est un monde où il suffit d’ouvrir un livre
pour habiter quelque part"
Poème
de l’instant
Petits poèmes en prose
Votre œil se fixe sur un arbre harmonieux courbé par le vent ; dans quelques secondes, ce qui ne serait dans le cerveau d’un poëte qu’une comparaison fort naturelle deviendra dans le vôtre une réalité. Vous prêtez d’abord à l’arbre vos passions, votre désir ou votre mélancolie ; ses gémissements et ses oscillations deviennent les vôtres, et bientôt vous êtes l’arbre. De même, l’oiseau qui plane au fond de l’azur représente d’abord l’immortelle envie de planer au-dessus des choses humaines ; mais déjà vous êtes l’oiseau lui-même.
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, « Le Théâtre de Séraphin », 1868.