Foulées désultoires
Auteur : Carole Carcillo Mesrobian

Il n’y a rien d’autre que le chant des sirènes fini. C’est peut-être pour cela écrire, pour tenter de capturer la vacuité du sens, terreau fertile s’il en est, pour visser le silence sur la page, capter l’inaudible. Gageure. Tâche communicative. Et surtout tout échappe, nous le savons malgré la lutte. Les mots aussi qui vivent, se moquent des assemblages fous pour finir par trahir. C’est aussi pour cela écrire. Mutismes à intervalles quand on atteint les cimes.
Poème
de l’instant
Seulement
je comprends déjà la vérité
elle éclate dans mes désirs
et dans mes détresses
mes déceptions
mes déséquilibres
mes délires
je comprends déjà la vérité
à présent
chercher la vie
Alejandra Pizarnik, 1936-1972, Œuvre poétique , « Seulement », traduit de l’espagnol par Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon, Actes Sud, 2005.