Faire de ce poing fermé une main ouverte d’André Du Bouchet
l’atelier d’André du Bouchet
(de nombreux inédits)
Le volume 1 débute sur les derniers textes en cours trouvés rue des Grands-Augustins. La première partie, comme un fronton, s’ouvre avec les textes de Philippe Jaccottet, Jacques Dupin, Yves Bonnefoy et Anne de Staël.
Puis on entre dans l’atelier. D’abord l’activité de lecteur : André du Bouchet écrit de nombreux textes critiques dans sa jeunesse « américaine » (sur Fénéon, Péguy, Descartes, Rimbaud). Une fois rentré en France, sa réflexion prend une autre dimension comme le confirment ses essais sur Hugo, Mallarmé, Rimbaud, puis Hölderlin et, plus tard, sur Celan (à qui André du Bouchet rend hommage dans un texte à notre connaissance inédit).
L’œuvre du poète suscite bien sûr de nombreuses approches critiques qui permettent d’en mieux saisir les enjeux. Ainsi de remarquables éclairages sont-ils donnés par Emmanuel Levinas, Didier Cahen, Dominique Grandmont, Salah Stétié, Denise Le Dantec, Alain Suied, Jacques Depreux, Jean-Patrice Courtois, Yves Peyré et Jean-Claude Schneider.
Une familiarité s’installe alors, que les témoignages de ceux qui l’ont rencontré (Sander Ort, Israël Eliraz, Bernard Salignon, Philippe Denis, Franc Ducros) rendent plus claire, plus chaleureuse encore. Les lettres que Reverdy adresse à André du Bouchet forment, d’autre part, la preuve de ce qui se tisse « d’un poète qui finit » à un poète « qui commence ».
Enfin, après des poèmes (ceux qu’on offre à l’hôte qu’on vient visiter) et des entretiens (ici avec Monique Pétillon et Georges Piroué), le volume se clôt par une chronologie précise due à Anne de Staël, et un inédit d’André du Bouchet qui dit la perte d’un de ses fameux « carnets ».
Le volume 2 propose de mieux approcher André du Bouchet traducteur. Le lecteur peut notamment percer le cœur du mouvement de traduction grâce à une lettre que Louis-René des Forêts adresse à l’auteur d’Ou le soleil à propos de sa traduction d’une prose de Laura Riding.
Après des études critiques (celles de Jean-Patrice Courtois, Esther Tellermann, Jean-Baptiste de Seynes, Pierre-Yves Soucy, François Rannou, Thomas Augais, Clément Layet, Sylvie Decorniquet, Elke de Rijcke, Rémi Bouthonnier, Victor Martinez, Nathalie Brillant entre autres) qui parviennent à renouveler l’approche de l’œuvre d’André du Bouchet, le lecteur pourra entendre la voix du poète à travers des entretiens.
Mais il ne saurait être question d’oublier, bien entendu, le rapport étroit qu’entretenait du Bouchet avec la peinture. Une lettre de Jean Hélion, des textes sur Géricault, Masson, Miro et Tal Coat constituent une partie riche que vient conclure une très belle étude de Jean-Claude Schneider.
Enfin, Victor Martinez donne une bibliographie documentée mise à jour… et le dernier mot reste au poète : « Raconte-moi/ma vie ».
Ouvrages coordonnés par François Rannou
Poème
de l’instant
Poèmes
Au seuil du printemps, il est certains jours
Où la prairie se repose sous la neige dense,
Où les arbres font un bruit gai et sec,
Où le vent tiède est tendre et moelleux,
Où le corps s’étonne de sa légèreté,
Où l’on ne reconnaît plus sa maison,
Où la chanson qui déjà lassait
On la chante avec émoi, comme neuve.
Printemps 1915
Slepnévo