Edouard J. Maunick

Joseph Marc Davy Maunick, dit Édouard J. Maunick, naît le 23 septembre 1931 à Flacq (Île Maurice) et mort le 10 avril 2021 à Paris.
Dès 1948, il publie ses premiers poèmes et articles dans la presse locale. Il fait des études universitaires (1949-50) au Teachers’ Training Collège et enseigne dans des écoles primaires et secondaires à Maurice de 1951 à 1958. À l’initiative du Dr Seewoosagur Ramgoolam, alors Maire de la capitale, Maunick devient Bibliothécaire en chef de la Ville de Port-Louis, poste qu’il occupe jusqu’en octobre 1960 quand il quitte Maurice pour Paris.
De 1961 à 1977, Édouard J. Maunick est auteur et producteur, à Paris, d’émissions radiophoniques culturelles et littéraires à la SORAFOM (Société de Radiodiffusion d’Outre-mer), puis à l’OCORA (Office de Coopération Radiophonique) et enfin à RFI (Radio-France Internationale). Il participe également à de nombreuses émissions sur France-Culture. Il est Directeur de Radio Caraïbes Internationale à Sainte-Lucie en 1962, l’année où il rencontre Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Alioune Diop. De 1971 à 1977, il crée et produit chaque semaine les émissions radiophoniques Le Magazine de l’Océan Indien et La Bibliothèque du Tiers-Monde, diffusées en Afrique francophone et en Océan Indien. Il co-anime Le Forum des Arts, émission bimensuelle télévisée sur Antenne 2 Paris, de 1976 à 1977, produite par André Parinaud.
Il publie des poèmes dans la revue Présence Africaine dès 1962 et collabore ponctuellement avec la Société Africaine de Culture (SAC). Avec Pierre Emmanuel, Édouard Maunick organise en 1964 le Colloque des Écrivains négro-africains, américains et européens dans le cadre du Festival de Berlin. En 1975, il organise et anime La Rencontre des Poètes de Langue française, co-présidée par Léopold Sédar Senghor et Pierre Emmanuel (29 participants, 20 pays représentés), à la Fondation d’Hautvillers.
De 1980 à 1981, Maunick est expert consultant auprès de l’AGECOP, aujourd’hui ACCT (Agence de Coopération Culturelle et Technique), à Paris. En 1982, il entre à l’UNESCO au Secteur du Soutien du Programme. De 1983 à 1991, il est Directeur adjoint des Publications de l’UNESCO, Chef de la Diffusion des Cultures, puis Directeur des Echanges Culturels et Directeur de la Collection UNESCO d’Oeuvres Représentatives.
En 1994, Édouard J. Maunick est nommé Ambassadeur de Maurice auprès du nouveau gouvernement en Afrique du Sud. En 1999, il est Ambassadeur Culturel de « Drummillion 2000 ». À l’invitation de la Commission Sud-Africaine des Droits de l’Homme, Maunick rejoint en 1999 le projet Artists for Human Rights auquel ont souscrit de nombreuses personnalités dont le Dalai Lama, Desmond Tutu et des représentants de l’OUA et de Amnesty International entre autres. Maunick est membre du PEN Club de Maurice.
Dans la presse écrite, Édouard J. Maunick est rédacteur en chef de la revue Demain l’Afrique (1977-78). En 1992, il crée et dirige, à La Réunion, la revue Vents et Marées. De 1993 à 1994, il est rédacteur en chef de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Depuis 1998, il reprend une collaboration régulière avec Jeune Afrique/L’Intelligent et avec le quotidien L’Express de Maurice. En 2002, il publie alternativement dans L’Express Dimanche de Maurice les chroniques : Majuscules & bas de casse et Temps partagé & autres instants. En 2004, il débute une nouvelle série de chroniques dans L’Express de Maurice sous le titre de Mémoriales.
Jean-Louis Joubert, parlant de l’oeuvre d’Édouard Maunick, souligne le rythme qui sous-tend sa poésie et le besoin qu’elle soit entendue. Selon lui, il s’agit d’un même, long poème au souffle baroque, sans cesse recommencé, qui tisse « son projet poétique, [par un] souci artisanal de la texture de la langue, de la saveur des mots, du grain de la mémoire, de la musique de la voix ». Maunick, dit Jouvert, privilégie la forme de l’hexasyllabe « marquée par la pulsion du séga, la danse nationale mauricienne. L’oralité créole est à la fois la source et l’horizon de [sa] poésie ». Le choix initial de la poésie de Maunick est celui d’une négritude, mais le « nègre » n’étant pas une question de couleur de peau pour Maunick qui se dit métis d’état civil. Sa poésie est « vouée à dire la complexité du sang, les mélanges de la race, les échanges de l’île et de la mer (tout ce que peut suggérer la belle métaphore des manèges de la mer) ». « La fragmentation de cette poésie tient […] à sa volonté de lyrisme elliptique », un lyrisme sans complaisance pour creuser l’essentiel, au cœur de sa nécessité d’écrire. Selon Joubert, l’exil chez Maunick « n’est pas l’abandon d’un pays pour un autre. C’est plutôt l’acquiescement à la pluralité, l’errance textuelle des passions partagées ».
En 2003, l’Académie Française lui décerne le Grand Prix de la Francophonie pour l’ensemble de son œuvre.
Après une douzaine d’années à Pretoria, en Afrique du Sud, Édouard J. Maunick retourne en 2007 s’installer au pays natal, à Port-Louis.
Extrait
je pars pour des pays
plus lointains que les rêves
j’habite des paysages
où les arbres sont des dieux
revoir vieillir la mer
m’éblouira le cœur
et je mettrai mille ans
à dépenser l’intemps
quand donc avouerez-vous
que l’herbe vous survivra
que la cendre ensemence
une fois le brasier mort
ouvre avec moi ce livre
pesant poids de mémoire
compromis entre éden et souventes blessures
il ne reste que révolte
à la place de la fête
je suis seul à savoir
combien seul je survis
dès lors je vais sans cesse
d’apparence de lumière
en réalités d’ombre
comment taire ma révolte
Extrait de 50 quatrains pour narguer la mort, Éditions Seghers, 2006
Bibliographie
Poésie :
Anthologies :
Articles sélectionnés :
Essais :
Enregistrements sonores (sélections) :
Traductions par Édouard Maunick :
Prix et Distinctions littéraires :
Chevalier de la Légion d’honneur.
Sur Edouard J. Maunick :