Dominique Grandmont
Né en 1941 à Montauban. Ses premiers poèmes sont publiés par Aragon en 1964. Il est traducteur de poésie tchèque ( Vladimir Holan, Jaroslav Seifert ) et grecque ( Yannis Ritsos, Constantin Cavafis ). Il a fait du journalisme et de la radio, et anime des rencontres de poésie avec la jeunesse de banlieue.
Extrait
L’ENVERS D’ECRIRE
Déchiré, le papier forme encore des lettres.
Quelque chose à la place de tout.
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Crispé sur ses rides : elles l’accrochent au sol.
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Ralentir augmente.
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Tu te substitues à toi-même.
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Aube sur les terrasses, au-dessus de toutes les guerres.
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S’embrassent comme s’ils mettaient une lettre à la poste.
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Personne ne gagne, surtout pas le vainqueur.
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Tout va bien dès que ton ombre te précède.
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Livre ouvert de tes yeux.
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Seul un désert peut refléter ce miroir brisé des étoiles.
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L’eau comme une page aussitôt froissée qu’écrite.
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Quand ses paupières se lèvent, qui le dormeur va-t-il voir à ta place ?
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Même si tu regardais par terre, ils viendraient tous à ta rencontre.
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Sinon, le cerveau n’en fait qu’à sa tête.
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A cet instant, l’autre était soi.
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Egouts fumants sur vitre noire pour madone endormie.
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A force de se taire, on va croire qu’elle ne dit rien.
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Tu traces le chemin que tu as perdu.
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L’écho libère le son.
Extrait de L’envers d’écrire, éd. Apogée, 2000
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Bibliographie
Poésie
Essais