Deux lettres d’amour

Martine Broda

Martine Broda, deux Lettres d’amour

élue par le haut amour

transportée dans la flamme

pieds meurtris sur la roue

marche aveugle au destin

cherchant la nuit où retentit
sur le gong du coeur

un visage d’outre-temps
clair comme une hantise

tu es beau comme le jour vain

tu éblouis comme la faim

*

ton visage est une blessure
en plein coeur

de tes doigts

jaillit la foudre

*

puisque tu étais mon destin

lorsque à l’aveugle je t’ai trouvé

tu m’as immédiatement
reconnue

quand l’amour répond à l’amour

la nuit recoud la nuit

Poème
de l’instant

Alejandro Jodorowsky

C’est comme ouvrir un menhir avec les mains

Cessez de chercher, vous êtes la porte
et les gardiens qui en interdisent l’accès.
Chaque pas vous éloigne du nombril
chimères assoiffées d’aventure.
Vous croyez que le mariage vous libère de la mort
ou que l’argent vous marque dans la hiérarchie divine.
Cessez de chercher, la conscience est le philtre magique,
L’œil capable de rejoindre les orbites vides de Dieu
traversant la mort. Personne ne se rencontre soi-même
en parcourant les mers ou en explorant les cavernes.
C’est difficile, comme ouvrir un menhir avec les mains
car notre âme est plus dure que la pierre.

Alejandro Jodorowsky, Traduit de l’espagnol (Chili) par Martin Bakero et Emmanuel Lequeux
dire ne suffit pas, no basta decir, Le Veilleur Éditions, 2003.