Denise Desautels

Née à Montréal en 1945 où elle vit aujourd’hui. Depuis 1975, elle a publié un récit, Ce fauve, le Bonheur, cinq dramatiques radiophoniques et plus de trente recueils de poèmes et livres d’artistes, tant au Québec qu’à l’étranger, qui lui ont valu de nombreux prix littéraires parmi lesquels le prix de la Fondation Les Forges pour "Leçons de Venise", les prix du Gouverneur général du Canada et des Terrasses Saint-Sulpice de la revue Estuaire pour "Le saut de l’ange", et les prix de la Société des écrivains canadiens et de Radio-Canada pour "Tombeau de Lou", recueil qui a été publié, à l’automne 2000, accompagné de photographies de l’artiste Alain Laframboise. Elle a réçu en mars 1999, la médaille "Echelon vermeil", la plus haute distinction accordée par la ville de Paris. Denise Desautels est membre de l’Académie des lettres du Québec.
Elle reçoit en 2022 le Prix Apollinaire pour Disparaître, publié aux Éditions L’herbe qui tremble en France et aux Éditions du Noroît au Québec.
Extrait
1.
Écho entre fenêtre et fêlure. Elle le sent s’activer dans le vague de l’air ; le sent remuer fort en elle sous le muscle ; le devine, dehors dedans, jais qui s’acharne, se déploie, ample, touffu, grave, semblable à lui-même. Lui donne un nom, tout droit sorti de l’enfance et de l’automne : « Noir ». Répète : « Noir ». Le matin s’ouvre, vieux déjà, et la nuit s’y expose. Même broyé, même mobile, elle le reconnaît. En a l’habitude, en sait long sur son compte, forcément rejointe par ses assauts, ses mystères, ses ruses et l’empreinte qu’il laisse, à chaque instant, sur la suite du monde : lamento, nocturne, requiem, tombeau, nature morte. Sous cet angle, la lumière n’a plus tout à fait le profil de la lumière.
2.
Tandis que la mélancolie lèche son front, elle en flaire les conséquences : cécité et vision, extravagance et sursis. De-dans dehors, son corps sombre s’exerce à la profondeur, celle de l’énigme - fouillis de fracas et de ravissements — venue se poser au bout de son geste ou de sa voix : « Noir ». Son corps en prend l’exacte mesure, car tout le réel s’y ramasse, avec ses pulsions paradoxales d’enlisement et d’envol. Tantôt dit : « séjour », pour ne pas se perdre ; accorder à ses paupières le temps d’interroger les ombres, d’en traquer les tremblements, d’en décrypter les mensonges. Tantôt : « trajet », pour atteindre ce son rare qui loge quelque part, entre vent et boue, dans le vif du désordre.
Avant l’aurore (extrait)
pour le livre d’artistes Noir, Noria Éditions, Paris, 2002
Bibliographie
L’Angle noir de la joie suivi de D’où surgit parfois un bras d’horizon, Gallimard, 2022
Disparaître : autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton, Éditions du Noroît, 2021
Lessons from Venice, Ekstasis Editions, 2020
L’heure violette, L’atelier des noyers, 2020
Disparaître (Détail), Éditions du Petit Flou, 2018
Noir, en collaboration avec Erika Povilonyté, L’atelier des noyers, 2018
D’où surgit parfois un bras d’horizon : inventaire 2012-2016, Éditions du Noroît, 2017
Le Baiser d’Hélène, Éditions du Petit Flou, 2016
Sans toi, je n’aurais pas regardé si haut : tableaux d’un parc, avec des photographies d’Emmanuel martin et Denise Desautels, Éditions du Noroît, 2013
L’angle noir de la joie, Arfuyen (Paris) / Éditions du Noroît (Montréal), 2011
L’oeil au ralenti, Éditions du Noroît, 2007
Le coeur et autres mélancolies : Villa Beauséjour, Rennes, 29 septembre-3décembre 2005, Éditions Apogée, 2007
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15 juin 2023