De l’Alcyone et autres poèmes de Gabriele Annunzio

Il n’est pas exagéré d’écrire que sa gloire fut internationale. Du personnage lui-même, au dandysme flamboyant, de ses liaisons avec des femmes célèbres, de ses succès de romancier, de son audace d’aviateur lors de la Grande Guerre, voire de condottiere – il s’empare du port autrichien de Fiume et s’en déclare souverain – rien n’est commun. Il soutient, puis s’éloigne de Mussolini et s’enferme dans le silence. L’histoire passa qui ternit sa renommée. Trop de silence après trop d’éclats entoure aujourd’hui le poète surprenant de La Chimère, des Laudes, d’Électre. Un lyrisme inattendu habité par la lumière limpide, presque lustrale du classicisme grec et les ombres de l’inquiétude latine, ravive le paganisme en tant que célébration sensuelle, naturelle, de l’idéelle beauté du monde.
N.B. : Cette anthologie paraît pour le 150e anniversaire de la naissance de Gabriele D’Annunzio.
P.-S.
La sabbia del tempo
Come scorrea la calda sabbia lieve/ per entro il cavo della mano in ozio/ il cor sentì che il giorno era più breve./ E un’ansia repentina il cor m’assale/ per l’appressar dell’umido equinozio/ che offusca l’oro delle piagge salse./ Alla sabbia del Tempo urna la mano/ era, clessidra il cor mio palpitante,/ l’ombra crescente di ogni stelo vano/ quasi ombra d’ago in tacito quadrante.
Le sable du temps
Alors que s’écoulait, léger, le sable chaud/ dans le creux d’une main oisive,/ mon coeur sentit que plus court se faisait le jour./ Et m’assaillit le coeur une brusque angoisse,/ sentant l’approche de l’équinoxe mouillé/ qui offusque l’or des plages salines./ Aux sables du Temps, urne se faisait/ la main, clepsydre mon coeur palpitant,/ l’ombre montante de toute frêle tige/ presque ombre d’aiguille sur un cadran muet.
mots associés
Italie
Poème
de l’instant
Lettre à Louise Colet
Croisset,
Vendredi 16 septembre 1853,
Minuit,
N’importe ! Mourons dans la neige, périssons dans la blanche douleur de notre désir, au murmure des torrents de l’esprit, et la figure tournée vers le soleil !