Brefs impératifs de Shoshana Rappaport

Dearest
C’est fou ce que ces mots sont violents.
(On a beau dire, c’est fou.) On a beau se croire prémuni. On a beau être prévenu, les voilà, ces mots, justement. Lentement, sourdement, ils affectent.
Et l’on est lesté subitement d’un poids inattendu. Les gestes ralentissent, les pas également, la voix s’infléchit. Le ventre se noue tout comme la gorge. Hantés. Meurtris ? Pas encore. Seulement soufflés, brutalement aux aguets. Trop peu de verbes à disposition. Même les phrases : veule, le langage se délite, aveugle, lâche.
Le cœur vous file entre les doigts. On éprouve une sensation étrange. Ou une absence de sensation. Nul repli possible. Nulle issue. Pourquoi donc ?
(Recréation d’une âme enfantine, où l’analyse minutieuse des sentiments, d’une profondeur remarquable, laisse, je l’imagine parfois, le lecteur pantois.)
Successful ?
Poème
de l’instant
Où vivre, sinon ?
Is it for now or for always
The world hangs on a stalk ?
Is it a trick or a trysting-place,
The woods we have found to walk ?
Is it a mirage or a miracle,
Your lips that lift at mine :
And the suns like juggler’s juggling-balls,
Are they a sham or a sign ?
Shine out, my sudden angel,
Break fear with breast and brow,
I take you now and for always,
For always is always now.