Boris Pasternak

Boris Leonidovitch Pasternak naît le 10 février 1890 à Moscou au sein d’une famille juive aisée.

Boris est le fils de Leonid Pasternak, célèble peintre postimpressioniste, et de Rosalia Isidorovna Kaufman, pianiste concertiste réputée à Odessa. Liée à de nombreux peintres tels qu’Isaac Levitan, Mikhaïl Nesterov, Sergueï Ivanov, Vassili Polenov, Nikolaï Gay, Valentin Serov ainsi qu’à d’autres représentants du mouvement des Ambulants, mais également à des écrivains tels que Léon Tolstoï pour qui Leonid illustre notamment Guerre et Paix, la famille permet au jeune Boris de baigner dans l’art et la création dès son plus jeune âge.

Son frère Alexandre, qui deviendra membre de l’Académie russe des arts, naît en 1893, ses sœurs Josefina-Ioanna et Lydia en 1900 et 1902.

La famille passe souvent les mois d’été à Odessa. En juillet 1900, elle y rencontre Rainer Maria Rilke et Lou Andreas Salomé, venus rencontrés Léon Tolstoï.

C’est à l’automne de cette même année que Boris entre au lycée. Malgré ses bons résultats, il n’y reste qu’une seule année en raison des quotas existant alors pour les étudiants juifs. Le 6 août 1903, Boris fait une chute à cheval alors qu’il posait pour son père. Il se casse le fémur. Cette fracture le marquera à vie. Peu soignée, elle lui laissera une jambe plus courte que l’autre, lui donnant ainsi une démarche particulière.

Dès septembre, il entame des études musicales aux côtés de Iouli Engel et Reinhold Glière. Il effectue son premier voyage à Saint-Pétersbourg à la Noël 1904.

La famille Pasternak déménage pour Berlin en Décembre 1905, elle y restera jusque août 1906. En 1908, après avoir obtenu son baccalauréat, Boris entame des études de droit à L’Université de Moscou, études qu’il ne finira pas en raison de mauvais résultats. À cette période, Boris suit toujours des études musicales qu’il arrêtera finalement, malgré les encouragements de Scriabine, sous prétexte qu’il n’a pas l’oreille absolue. Puis il étudie la philosophie auprès de Paul Natorp et Hermann Cohen en Allemagne où il réside une année avec sa famille.

Revenu à Moscou en 1914, il y tisse des liens avec des membres du mouvement futuriste local qui rejette la tradition esthétique et exalte le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse.
Il publie son premier recueil de poésie Un jumeau dans les nuages cette même année, mais celui-ci reste sans grand écho auprès du public. Pendant la Première Guerre mondiale, il enseigne et travaille dans une usine chimique dans l’Oural, ce qui lui donnera la matière de sa célèbre saga, Le Docteur Jivago, plusieurs années plus tard.

Boris publie son second recueil, Par-dessus les barrières en 1917 mais celui-ci n’a pas davantage d’écho. Ses œuvres sont fortement marquées par le talent stylistique et musical du poète qui l’éloigne alors du symbolisme et le rapproche du futurisme.
C’est son recueil Ma sœur, la vie, paru un peu plus tard en 1922, qui le révèle véritablement.

Il épouse Evguenia Lourié, peintre avec qui il aura un fils, Evgueni, né en 1923.

Pendant les années 1930, alors que de nombreux artistes et penseurs sont arrêtés et envoyés au Goulag, et que lui-même est accusé de subjectivisme en raison de la tonalité de ses vers, il parvient à éviter la déportation.

À partir de 1947, bien que marié à sa deuxième femme, il entretient une relation amoureuse passionnée avec Olga Ivinskaïa, écrivain russe de 22 ans sa cadette, qui lui inspire le personnage de Lara dans Le Docteur Jivago.

C’est la poétesse uruguayenne Susana Soca, alors directrice des Cahiers de la Licorne, qui, après une rencontre avec Boris, décide de traduire en espagnol les textes de ce dernier afin qu’ils aient une résonnance mondiale. Elle édite notamment Seconde naissance et Essai d’autobiographie. Elle meurt dans un accident d’avion le 11 janvier 1959. La correspondance « Pasternak – Soca », qu’elle avait avec elle, disparaît.

En 1956, Boris remet Le Docteur Jivago, qu’il considère comme la plus personnelle et la plus intense de ses œuvres, au journaliste communiste italien, Sergio D’Angelo, conscient toutefois que traiter avec des éditeurs étrangers pourrait le mener à la mort. D’Angelo envoie ensuite le manuscrit à l’éditeur Giangiacommo Feltrinelli, communiste lui aussi. Boris craint ainsi pour sa vie et celle des siens car les autorités soviétiques sont loin d’apprécier ses écrits et particulièrement cet ouvrage qui se déroule entre la révolution russe de 1905 et la Seconde Guerre mondiale.

Un an après la publication du Docteur Jivago, Boris reçoit le prix Nobel de Littérature, le 23 octobre 1958. Les autorités soviétiques, considérant l’auteur comme un « agent de l’Occident capitaliste, anti-communiste et anti-patriotique », lui interdisent le retour en Union Soviétique s’il part rechercher sa récompense à Stockholm.
Attaché à son pays et à sa liberté, Boris finit par décliner le prix.

Il meurt deux ans plus tard, le 30 mai 1960, dans la misère des suites d’un cancer du poumon. Ses funérailles sont houleuses. Il est inhumé au cimetière de Peredelkino.

Sur son lit de mort, il aurait dit à sa femme : « La vie a été belle, très belle, mais il faut aussi mourir un jour. J’ai aimé la vie et toi. »

Après sa mort, Olga Ivinskaïa et la fille de celle-ci, Irina Emelianova, sont arrêtées et emprisonnées, entre autres, pour trafic de devises.

Le Docteur Jivago ne paraît en Union soviétique qu’en 1985 à la faveur de la perestroïka.

Bibliographie

  • Un jumeau dans les nuages, 1914.
  • Par-dessus les barrières, 1917.
  • Ma sœur la vie, 1917.
  • Thèmes et variations, 1923.
  • L’An 1905, 1927.
  • Le Lieutenant Schmidt, 1927.
  • Sauf-conduit, 1931.
  • Spektorski, 1931.
  • Seconde naissance, 1932.
  • La nuit passe sans tarder, 1956.
  • Le Docteur Jivago, 1957.
  • Récit, 1958.
  • Essai d’autobiographie, 1958.
  • Les Voies aériennes et autres nouvelles, 1966.
  • Le Maître et Marguerite, 1967.
  • La Belle aveugle, 1969.

Éditions en France

  • Le Docteur Jivago, Traduction du russe non signée, Éditions Gallimard, 1972.
  • Correspondance (1910-1954), Olga, Freidenberg et Boris Pasternak, Éditions Gallimard, 1987.
  • Ma sœur la vie et autres poèmes, Traduction d’un collectif, Éditions Gallimard, 1988.
  • Sauf-conduit, Traduction de Michel Aucouturier, Éditions Gallimard, 1989.
  • Lettres à mes amies françaises (1956-1960), Introduction et notes de Jacqueline de Proyart, Éditions Gallimard, 1994.
  • Correspondance (1921-1960) avec Evguénia, Traduction de Sophie Benech, Éditions Gallimard, 1997.
  • Les Voies aériennes et autres nouvelles, Traduction du russe par Andrée Robel, Avant-propos de Louis Aragon, Éditions Gallimard, 1998.
  • Correspondance à trois (Été 1926), Boris Pasternak, Rainer Maria Rilke, Marina Tsvétaïéva, Traduction du russe et de l’allemand par Lily Denis, Philippe Jaccottet et Ève Malleret, Éditions Gallimard, 2003.
  • Écrits autobiographiques - Le Docteur Jivago, Traduction du russe par Michel Aucouturier, Sophie Benech, Louis Martinez, Jacqueline de Proyart et Hélène Zamoyska, Éditions Gallimard, 2005.

Œuvres complètes

  • Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1990.