Au pays du mufle de Laurent Tailhade

Né à Tarbes dans une famille de magistrats qui le maria tôt pour le faire tenir tranquille dans la morne province, Laurent Tailhade, une fois sa liberté recouvrée, gagne Paris, les milieux bohèmes, les cercles littéraires symbolistes. Dreyfusard, lié avec Verlaine, bête noire des éditeurs pour ses dettes, ses indélicatesses ; libertarien, il se fait le chantre de l’anarchisme. Las ! Une bombe le blesse gravement ! Beau joueur, l’imprécateur ne porte pas plainte. Le poète s’en prend de plus belle au bourgeois, « le Mufle », à l’Église, à la Bêtise. Manque se faire lyncher par les Bretons dont il daube les processions. Il y a du Juvénal dans ses gènes, si l’on peut dire ! Sarcasmes, insolences, sont les épices de ce personnage, pamphlétaire haut en couleur, ne reculant pas devant les duels.
Le poète n’est pas d’une pièce. Il a lu ses classiques, de Sapho à l’inconnu qu’est encore Lautréamont. Bien des poèmes, en vers comme en prose, font alterner fureur et rêverie, sarcasme et plaidoyer, ironie et indignation. Inclassable. Détestable. Insolent. Suave, musical, Tailhade est aussi riche d’un vocabulaire étincelant. Il campe une figure peu conforme à cette époque que bientôt on dira « Belle ».
Paru le 1er septembre 2014
Éditeur : La Différence
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Fragments du discontinu
Je soliloque
la voix n’est pas ce que j’oublie
la voix dans mon oreille
cet objet de désir la voix
voix d’autre voix de toi
unique et que je ne peux caresser