Alain Breton
Alain Breton (né le 24 février 1956, à Paris) est le fils de Maria et de Jean Breton. Après avoir été éditeur à l’enseigne du Milieu du Jour (1989-1996), il a codirigé à Paris, de 1996 à 2006, avec Élodia Turki, les Éditions Librairie-Galerie Racine, dont il est aujourd’hui le directeur littéraire.
Critique littéraire (il a collaboré aux deux séries de la revue Poésie 1), Alain Breton est membre du comité de rédaction, depuis 1997, de la troisième série de la revue Les Hommes sans Épaules, dont il a dirigé la deuxième série de 1989 à 1994.
Poète, peintre et découvreur de poètes, Alain Breton s’est toujours prononcé contre l’hermétisme, jugé plat et stérile en poésie, au profit d’une poésie se tenant au plus près du fatum humain contemporain et de la brèche intimiste. « Seul à jouer au mécano du monde, à l’amour, le poète exaspère ses limites. Nous rêvons que son ambitieuse quête, que sa fouille minutieuse de la langue ne soient pas perverties par une futile autant que dérisoire volonté de prise de pouvoir sociale ! Que le poète, débarrassé de l’engourdissante course aux concours-articles-subventions-relations (la fameuse tétralogie) se montre enfin accueillant aux textes de ses confrères ! On le voit, il y a démission, ou déviation d’écoute, chez la plupart de ceux que les problèmes de la création poétique devraient concerner… Chez certains dominent la suffisance ou même l’hostilité à l’égard des tentatives des autres, quand ce n’est pas l’esprit de concurrence. Or la poésie devrait être avant tout accueil, méditation-lucidité, communication aimantée », a écrit Alain Breton (in éditorial, Les Hommes sans Épaules n°1, deuxième série, 1991).
Éditeur, revuiste, illustrateur, peintre, poète, Alain Breton, comme l’a écrit Rémi Boyer, fait partie de ces grands artistes trop discrets dans un monde où l’indiscrétion est devenue un commerce pornographique. Alain Breton est bien ce « Boxeur des mots » et ce « sourcier de poésie », dont parle J.-L. Maxence (préface à Anthologie, 2012) : « Alain Breton ne fréquente pas les salons. Pas davantage les agapes des Prix réservés trop souvent aux seuls initiés de la fourchette et de la mondanité. Il ne cultive pas davantage le mythe du poète maudit, inconnu de son vivant, mais demeure opiniâtrement un « sourcier » de poésie, un découvreur, un animateur de revues, un pourfendeur têtu de cet hermétisme de laboratoire qui veut nous condamner tous à la blancheur du vide et du bâillement. » C’est du poète dont il nous entretient : « Rien n’est plat, dans la poésie d’Alain Breton, et surtout pas la mort quand le poète avoue lui faire ses comptes. Pas une seule image n’est stérile ou ostentatoire. De surcroît, l’équilibriste de la rue Racine a su garder l’héritage d’un érotisme dévorant. Celui-ci rappelle parfois celui de son père, amoureux insatiable. Mais il a transformé, alchimiste de l’instantané, son ancestral désir de la femme en un hymne sacré et barbare aux multiples nuances. D’ailleurs, il m’est arrivé de qualifier Alain de « mystique sans dieu » tant son amour de l’anima éclate à chaque ligne… Sa poésie ne peut que laisser des traces en plein cœur, des empreintes d’émotion, des bivouacs majeurs. »
Le poème d’Alain Breton, émotiviste par essence, est concis, fluide, limpide, sensuel et ciselé. Le poète est un œil, un voyeur qui se délecte des faits les plus anodins du quotidien pour bien souvent finir néanmoins par s’approcher du merveilleux. "La poésie d’Alain Breton est délicate, ouvragée. Dans son recueil Pour rassurer le fakir, certains poèmes en prose pétris d’humour et de mystère touchent "au prodige", écrit encore Claire Boitel (dans la Revue Les HSE). « Alain Breton ne projette pas sa lanterne », poursuit Henri Rode (dans Poésie 1), le poète de Mortsexe, « il épie au fond de lui, de sa mémoire, de son rhésus, ce qui peut motiver cet instant, à sa table, devant le papier qu’il griffonne. » C’est la sublimation de l’incident qui l’a fait tiquer, l’a séduit, lui a donné le coup de lancette. Imagiste au sourire triste, épieur d’absurdie dans le quotidien déconcertant, tout de discrétion ; félin qui se garde d’être ébloui dans le jeu de miroirs érotique, Alain Breton est tout entier dans sa recherche, là où le monde signifie, ou crie, et il cri avec le monde.
Alain Breton est également l’auteur de quatre livres de poèmes, sous le nom de Jacques Aramburu.
©texte & Visuel : Revue Les Hommes sans Épaules.
Bibliographie
Poésie
- Infimes prodiges, Œuvre poétique, préface de Paul Farellier, postface de Christophe Dauphin, Éditions Les Hommes sans Épaules, 2018.
- Les Éperons d’Éden, Tombeau, Revue Les Hommes sans Épaules, 2014.
- Poèmes, Éditions Maison de la Poésie de Haute-Normandie, 2009.
- Pour rassurer le fakir, Éditions Librairie-Galerie Racine, 2000.
- Une chambre avec légende, Éditions Librairie-Galerie Racine, 1999.
- Bivouacs, Éditions La Bartavelle, 1992.
- Juste la terre, Éditions Froissart, 1991.
- Ça y est, le monde, Éditions Galerie Racine, 1990.
- Tout est en ordre, sûrement, Éditions Le Méridien, 1979.
- Chute et parfums, Éditions G.D, 1979.
Œuvres d’Alain Breton, publiées sous le nom de Jacques Aramburu
- Brûlant sombre, Éditions Cheyne, 2008.
- Le Chasseur de rivières, Éditions Cheyne, 2004.
- Messe noire des vagues, avec des images d’Anton Larbie, Revue Les Hommes sans Épaules, 1999.
- Maison-buffle, Éditions Cheyne, 1993.
Anthologies
- Aphorismes, contes et fables, Une anthologie de l’humour de Allais Alphonse à Allen Woody, livre et disque, collection Les Hommes sans Epaules, Éditions Librairie-Galerie Racine, 2017.
- Présence du merveilleux, Poésie 1 n°108/109, 1983.
- Drôles de rires, avec Sébastien Colmagro
- Poèmes d’enfants, Poésie 1 n°99, 1982.
- Les Nouveaux Poètes maudits, préface d’André Pieyre de Mandiargues (le cherche mid)i, 1981.
- Présence du sacré, Poésie 1 n°83/84, 1981.
- Les poètes et le diable, Poésie 1 n°74, 1980.
- La Vraie Jeune Poésie, anthologie, Éditions La Pibole, 1980.